France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

« Une exécution », de Danya Kukafka : le cœur froid d’un tueur de femmes

L’écrivaine américaine impressionne avec son deuxième roman, aussi angoissante que passionnante variation sur le thème du féminicide.

Article réservé aux abonnés

« Une exécution » (Notes on an Execution), de Danya Kukafka, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Isabelle Maillet, Buchet-Chastel, 448 p., 24 €, numérique 25 €.

Peut-on être totalement étranger au mal que l’on fait ? C’est la question à laquelle la romancière américaine Danya Kukafka tente de répondre dans un thriller philosophique passionnant, finement construit. Une exécution est l’un des romans policiers les plus forts de ces dernières années (couronné « meilleur suspense » 2022 par le New York Times) et ce alors que le nom du coupable est connu dès les premières pages. Ce récit polypho­nique suit l’itinéraire d’Ansel Packer, tueur en série, de son enfance – malheureuse – à sa fin, en même temps que le parcours de ses victimes et de leurs ­familles. Deux faces, donc, d’une même réalité, alors que la fasci­nation pour les criminels hors du commun laisse souvent dans l’ombre les ­victimes directes et indirectes.

A l’instar du Meursault d’Albert Camus (L’Etranger, Gallimard, 1942), Packer est spectateur du malheur qu’il inflige aux autres. Des années auparavant, il a tué par trois fois des femmes à peine sorties de l’adolescence, sans mobile apparent. Puis c’est son ex-épouse qu’il a assassinée, par jalousie. Aujourd’hui, il attend son exécution dans le couloir de la mort. Il ne se repent pas, n’espère aucune rédemption. Intellectuel raté, égoïste et autocentré, il veut qu’on l’écoute, qu’on l’admire, et cherche à échapper à son exécution imminente.

Le roman s’articule autour du compte à rebours avant cette mise à mort. Le lecteur découvre ainsi les confessions d’un tueur qui semble absent, détaché de la réalité. Son monologue alterne avec les chapitres qui donnent voix à trois femmes décisives pour l’assassin, et encore vivantes : Lavender, sa mère ; Saffy, une policière qui l’a connu dans sa jeunesse, puis l’a traqué ; Hazel, la sœur d’une victime. Chacune représente une partie de la vie de Packer, mais leurs chemins finiront par se croiser. C’est donc l’itinéraire d’un tueur de ­femmes qui se construit sous nos yeux, des premiers ­signaux d’alerte (enfant, il tor­turait des animaux) jusqu’à son arrestation.

Victimes oubliées

Danya Kukafka, dont c’est le deuxième roman après Dans la neige (Sonatine, 2018), met son talent au service d’un récit complexe. Jouant sur les tempo­ralités, l’autrice, née en 1993, bâtit un puissant récit-mosaïque qui raconte l’histoire d’un assassin, mais qui donne surtout chair aux victimes oubliées – celles qui restent après la disparition d’un ou d’une de leurs proches. Leurs voix complémentaires forment le chœur de la tragédie.

Il vous reste 26.09% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

Découvrir les offres multicomptes
  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.