Guinea
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Affaire 28 septembre. « J’ai vu des jeunes tomber sur la pelouse » (Louceny Fall)

François Louceny Fall, le 28 mars, était à la barre du tribunal de première instance de Dixinn délocalisé dans l’enceinte de la Cour d’appel de Conakry. C’est dans le cadre du procès des événements du 28 septembre 2009 où plus de 150 Guinéens ont perdu la vie, plusieurs femmes violées, selon le rapport des nations unies.

« J’ai vu des jeunes tomber sur la pelouse quand des militaires tiraient sur eux. C’est en ce moment que nous avons vu le commandant Toumba monter les escaliers. Arrivé à notre niveau, il a dit où sont les leaders ? Dès que nous nous sommes levés, les militaires qui étaient derrière lui, comme étant le groupe de Marcel. Ce groupe là s’est emparé de nous.  Nous avons reçu les premiers coups. Sidya a reçu un violent coup de gourdin ou de crosse de fusil sur sa tête. Le sang a jailli. J’ai reçu un violent coup, je suis tombé sur les gradins. C’est ainsi que nous sommes descendus. D’autres sont partis vers la droite, nous sommes descendus par la gauche toujours poursuivis par ces assaillants jusque sur la pelouse. Arrivés sur la pelouse, j’ai vu notre collègue Cellou Dalein entre leurs mains. Il y avait au moins 5, 6 ou 7 militaires, ils étaient nombreux en train de l’étranger littéralement, le rouant de coups. Pendant que nous étions arrêtés, j’ai vu Marcel asséner un violent coup sur la tête de Sidya Touré. Puis j’ai reçu un violent coup de matraque sur la terre. Je suis tombé. Je me suis relevé et me suis accroché à la ceinture de mon jeune et infortuné collègue du jour, Mouctar Diallo. Mon garde de corps voyant cela, m’a couvert de son corps. C’est à ce moment que Toumba a essayé de dégager les militaires. Il ne pouvait pas », a-t-il narré.

Cependant, « difficilement il nous a extraits et nous a demandés de le suivre. C’est ainsi que nous sommes sortis de l’intérieur du terrain de football. Nous l’avons suivi, mais nos assaillants nous poursuivaient toujours. Arrivés, au niveau du palais des sports, on a vu des militaires en train de déshabiller des femmes, en train de les battre. C’est ainsi que nous avons marché jusqu’à l’esplanade du stade. Arrivés là, nous avons retrouvé notre infortuné porte-parole Jean Marie Doré qui n’avait plus sa veste, ni sa cravate. Il était battu à sang. C’est en ce moment que Toumba nous a embarqués dans son véhicule. Lorsqu’il nous a embarqués dans son véhicule, ça doit être une Jeep, il est reparti en courant vers le stade nous laissant dans le véhicule. Pendant ce temps, Marcel et ses soldats tournaient autour du véhicule. Il proférait des menaces ».

« Mais qu’est-ce que je t’ai fait ? » ; « nous allons vous tuer tous ? »

« Un certain moment, ajoute-il, il a donné un violent coup de matraque dans le visage de Sidya Touré. J’ai ressenti ce coup parce qu’il était violent. C’était en plein visage. Sidya lui a dit « mais qu’est-ce que je t’ai fait? ». Il a répondu que « nous allons vous tuer tous ». Et il menaçait. C’est en ce moment que nous avons vu Toumba revenir en courant. Il a démarré.  Plutôt que de prendre la route du camp, parce que pour nous Toumba est venu pour nous arrêter, il a fait demi-tour et il a pris la route de Donka. Il roulait à tombeau ouvert. On est allé jusqu’au pont 8 novembre et a tourné à droite. J’avais pensé qu’il nous amenait au quartier général de la CMIS. Mais il a finalement garé à la clinique Ambroise Paré ».

Ici, « lorsque nous sommes descendus nous avons vu des médecins, des infirmiers sortir pour nous accueillir. C’est à ce moment que nous avons vu Marcel surgir. Commandant Thiegboro était présent sur les lieux. Alors il y a eu altercation entre Marcel et Toumba. C’est là où nous avons su que celui qui nous battait à l’interieur du stade s’appelait Marcel, parce que Toumba l’appelait par son nom. Ils ont eu une longue discussion. Après Toumba l’a tiré vers un côté. Ils parlaient tout en marchant. Marcel tenait à ce qu’on nous amène au camp Alpha Yaya et Toumba tenait à ce qu’on soit à la clinique. Toumba n’a pas réussi à le contenir et il est venu vers nous. Le commandant Thiegboro a aussi essayé timidement d’intervenir auprès de Marcel. Ça n’a pas marché. Et c’est par la suite que Marcel a sorti une grenade pour dire que si on nous recevait dans ce dispositif hospitalier il allait faire exploser la clinique. Les infirmiers et les médecins qui étaient là ont tous fui. Ils sont entrés à l’intérieur de la clinique en courant. Toumba ayant compris qu’il n’avait pas la possibilité de nous faire admettre dans cette clinique nous a réembarqués dans son véhicule et toujours à la même allure pour la ville. Il nous a conduits jusqu’au niveau de l’état-major de la Gendarmerie. C’est là où il nous a déposés. On nous a reçus, on nous a fait asseoir sur des bancs. Nous sommes restés là-bas pendant un bon moment ».

Enfin « c’est à la suite de ça que le Général Baldé est arrivé. Il est passé à côté de nous, il nous a regardés et il est passé. C’est Jean Marie qui l’a interpellé. Il a dit « mon Général vous avez vu dans quel état vous avez mis ces personnalités ? Ce sont deux anciens Premiers ministres que avez traités comme ça. Le Général Ibrahima Baldé nous a dit non je vous ai écoutés au stade… ».

Bhoye Barry pour guinee7.com