Guinea
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Hadja Saran Daraba : « L’indépendance de la Guinée n’est pas le fait d’une personne »

A la cérémonie d’ouverture de la série de conférences programmées au titre de la semaine consacrée à la célébration de l’indépendance de la Guinée, elle a animé un panel autour thème central : « S’inspirer du passé pour construire le futur ».

Un thème qui tire son fondement de la volonté du vivre-ensemble résultant d’une histoire commune et d’un avenir partagé. Dans cette logique le premier panel a eu pour sujet de discussion une interrogation : « D’où venons-nous ? ». Un sujet à la fois pertinent et d’actualité.

C’était en présence du Premier ministre, Chef du gouvernement et du ministre Directeur de Cabinet de la Présidence de la République entourés des ministres Louopou Lamah, Guillaume Hawing, Alpha Bacar Barry, Dr Diaka Sidibé, Bachir Diallo, Béa Diallo et Mamoudou Nagnalén Barry.

Dans sa prise de parole, l’ancienne Secrétaire générale de Mano River Union a déclaré avoir le privilège d’appartenir à une génération qui est née sous la période coloniale.

« Le dernier tracé frontalier de la Guinée a eu lieu en 1948. J’étais déjà née. La République de Guinée est née en 1958. Et nous sommes le seul pays francophone à avoir dit NON le 28 septembre 1958 », a-t-elle remémoré en substance.

Mais pourquoi c’est la seule Guinée qui a dit NON ?

De l’avis de la panéliste, la Guinée, comme toutes les colonies françaises, a contribué à donner des militaires pour aider la France à lutter contre les Nazis où des milliers de soldats sont morts au combat.

Et c’est parce que cela fut qu’en 1946, la prise de conscience des Africains francophones a mené à la création du Rassemblement démocratique africainafricain. Cela a eu lieu à Bamako, capitale de l’actuelle République du Mali. Mais à cette conférence, les délégués se sont entendus que chaque pays participant créerait son antenne nationale. À l’époque, on ne disait pas nationale : on disait territoriale, puisque nous n’étions pas encore des Républiques souveraines). Et la Guinée, du retour de Bamako, a créé le Parti démocratique de Guinée. Ce Parti démocratique de Guinée a eu l’avantage particulier d’être animé et dirigé par de grands patriotes qui ont été des syndicalistes, des enseignants, des médecins, des administrateurs et qui ont servi l’administration coloniale », a-t-elle enseigné.

Mais en quoi le Parti démocratique de Guinée se distinguait-il des antennes d’autres territoires ?

A en croire Hadja Saran Daraba, la première distinction résidait là, avec des syndicalistes dans différents domaines qui constituaient l’équipe dirigeante du Parti démocratique de Guinée, dont le premier Secrétaire général ne fut pas le président Ahmed Sékou Touré, plutôt M. Madéra Keïta du Mali.

« Dans son équipe dirigeante, le Parti démocratique de Guinée, a intégré d’autres non-Guinéens : des Sénégalais, des Maliens, des Ivoiriens, des Burkinabè qui ont été membres de l’équipe dirigeante du PDG. Et c’est pour cela que l’optoon panafricaniste est née déjà dans la Constitution du Parti démocratique de Guinée », a-t-elle égrené.

« Alors, de 1946 jusqu’en 1958, ce que le PDG a fait, c’est de veiller à l’implantation systématique du parti sur l’ensemble du territoire national. Tout le territoire national a été sillonné par les responsables et dans les plus petits villages, il y avait une section PDG-RDA à telle enseigne qu’en 1956, quand le gouvernement français a décidé de donner une autonomie à ses territoires, le gouvernement et l’Assemblée territoriale qui sont issus du vote, la République de Guinée donnait déjà une écrasante majorité au Parti démocratique de Guinée. (…). C’est pour cela qu’à la veille de l’indépendance, nous avions au PDG, deux députés sur trois à l’Assemblée nationale française, cinq maires sur cinq dans les communes de plein exercice, sept maires de moyen exercice sur neuf, cinquante-sept conseillers territoriaux sur soixante, onze ministres sur douze au gouvernement de la Loi-cadre, c’est-à-dire, le gouvernement territorial, quatre-cent quatre-vingt quatorze conseillers de circonscription sur cinq cent vingt-six, et trente-neuf mille neuf-cent deux sur quarante milles », a-t-elle poursuivi.

A l’en croire, le Parti démocratique de Guinée avait un quasi monopole la structure politique du pays, raison pour laquelle quand l’option a été offerte par le Général De Gaulle de choisir entre OUI ou NON, le président français d’alors a fait une tournée dans toutes les colonies.

« Arrivé en Guinée le 27 août, il a trouvé que le Parti démocratique de Guinée couvrait déjà tout le territoire et la messe était dite. Alors, l’indépendance de la Guinée n’est pas le fait d’une personne ou d’un groupe de personnes. L’indépendance de la Guinée est le fait du peuple de Guinée. Parce que tout ce qui pouvait concourir à avoir des voix dissonantes a été prévu, traité et assuré avant que l’on arrive le 14 septembre à la décision du Parti démocratique de Guinée de voter NON au référendum », a rappelé Hadja Saran Daraba.

Ce dont la panéliste dit être le plus fière est qu’elle est mère de huit enfants qui ont entre quarante-huit et trente-trois ans, grand-mère de dix-sept petits-enfants qui ont entre trente-trois et cinq ans, et arrière-grand-mère de trois petits-enfants.

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« Et c’est ça qui fait que je suis le plus fière, parce que toutes les agitations dans les débats, ça se passe chez moi tous les jours. Et c’est pourquoi j’ai accepté de venir devant vous », a-t-elle justifié.

Pour Saran Daraba, le peuple de Guinée a toujours été connu comme un peuple discipliné par rapport à son engagement politique.

« C’est pourquoi chaque fois qu’on me demande personnellement quelle est la chanson que je trouve la plus expressive par rapport à l’indépendance de la Guinée, parce que j’étais adolescente quand nous sommes devenus indépendants, je ne parle pas de l’hymne national, mais de l’engagement politique qui a amené la Guinée à devenir indépendante », a-t-elle conclu.