Guinea
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Perspectives pour une Guinée prospère et indépendante : Les visions de Dr. Makalé Traoré et Pr. Bano Barry

En marge de la semaine de la célébration de l’an 65 l’indépendance guinéenne, le ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation a organisé, le 28 septembre 2023 , au palais du peuple, deux panels sous le thème: « Construire une identité guinéenne : s’assumer en tant que Guinéen. » Les discussions ont été marquées par des interventions significatives, notamment celles de Dr Makalé Traoré et du Pr Bano Barry, qui ont partagé leurs rêves pour la Guinée et abordé des questions cruciales liées à l’identité nationale et au développement du pays.

Dr Makalé Traoré a commencé par interroger si, au cours des 65 années depuis l’indépendance, la Guinée avait véritablement répondu aux préoccupations essentielles de sa population. Selon elle, ces préoccupations se résument en cinq mots : se nourrir, se vêtir, se loger, s’instruire, se soigner, et se déplacer. Elle a souligné que le premier régime n’était pas déconnecté de ces préoccupations fondamentales. Cependant, elle a noté que, au fil des années, certaines politiques de développement ont laissé de côté des segments importants de la population guinéenne.

Les jeunes, représentant 70 % de la population, ainsi que les femmes et les habitants des zones rurales, ont été identifiés comme des groupes qui ont souffert de l’insuffisance de perspectives et d’infrastructures : « Bien que nous soyons riches en ressources souterraines, notre richesse reste inexploitée en raison de politiques de croissance qui ont laissé de côté quatre groupes vulnérables lors de nos efforts pour construire notre identité. Les jeunes, qui représentent 70 % de notre population, sont aujourd’hui les plus touchés. Bien que des efforts aient été déployés, ils demeurent largement exclus de notre croissance économique et de nos richesses. Un deuxième groupe affecté est constitué des femmes, qui travaillent de longues heures sans voir de perspectives pour bénéficier de cette croissance. Enfin, les zones rurales souffrent d’un manque criant d’infrastructures. Il est vrai que des efforts ont été déployés au cours des derniers mois, cependant, le fossé demeure considérable

Dr Makalé Traoré a insisté sur l’importance de donner une place centrale aux enseignants et de dépolitiser l’environnement de l’enseignement pour permettre aux jeunes de recevoir une formation solide avant de s’engager en politique : « Pour nous affirmer en tant que Guinéens, je suis convaincue que cela implique de reconsidérer la place des enseignants dans notre pays. De plus, il est impératif de dépolitiser l’environnement éducatif. Actuellement, nos enfants se lancent rapidement dans la politique, parfois sans formation adéquate ni compétence professionnelle, et ce, avant même d’avoir achevé leur cursus universitaire. Cela pose un défi pour l’avenir de notre nation. »

Elle a également suggéré l’élection des recteurs à l’université plutôt que leur nomination, afin d’assurer une plus grande responsabilité : « Je suggère sérieusement que l’on examine la possibilité d’élire les recteurs plutôt que de les nommer. C’est une proposition que je mets à la disposition de votre gouvernement. Nous devons également reconnaître la valeur des contributions de nos fils et filles envers le rayonnement de notre pays. Il est préoccupant de constater que certaines de nos écoles portent le nom de personnalités dont les services envers la Guinée demeurent méconnus, voire douteux. Cette question mérite d’être examinée de plus près. »

En outre, elle a encouragé la réécriture de l’histoire de la Guinée pour refléter sa véritable histoire, et a plaidé en faveur d’une approche holistique pour permettre aux femmes et aux filles d’accéder à l’enseignement technique.

Le Pr Bano Barry a partagé sa vision d’un avenir prospère pour la Guinée en mettant l’accent sur l’utilisation du potentiel du pays. Il a mentionné le potentiel agricole, hydraulique, minier, et a exprimé le désir de voir la Guinée devenir un pays autosuffisant en matière alimentaire, capable d’exporter ses produits.

Il a également souligné l’importance de transformer les ressources minières du pays sur place, produisant de l’alumine et de l’aluminium, et de développer un réseau de transport étendu, notamment des autoroutes et des chemins de fer, pour stimuler le développement : « Mon rêve, c’est de voir nos mines transformées en Guinée en alumine et en aluminium, afin que nous puissions fabriquer ici des maisons, des tables, des bancs, des marmites à partir des ressources guinéennes. Mon rêve, c’est de constater le développement de nos infrastructures de communication, offrant des autoroutes et des chemins de fer, car le chemin de fer est un instrument indispensable pour le développement d’un pays. »

Pr Bano Barry a également exprimé son souhait que la jeunesse guinéenne puisse voir la Guinée comme un pays riche en potentiel, réduisant ainsi la nécessité pour les jeunes de risquer leur vie en quête d’un meilleur avenir à l’étranger : « Mon rêve, c’est que la jeunesse, au lieu de perdre la vie dans le désert ou en mer Méditerranée, sache que la Guinée est un pays doté d’un énorme potentiel, qui ne demande qu’à être exploité. Il est donc essentiel d’avoir un projet pour la Guinée plutôt qu’un projet tourné vers l’étranger. »

Les discussions de ces deux panels ont mis en lumière des enjeux essentiels liés à la construction de l’identité guinéenne et au développement du pays, tout en appelant à une réflexion plus approfondie sur les politiques et les actions nécessaires pour réaliser ces aspirations.