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Renvoi du procès du 28 sept.  : réactions croisées des avocats de Toumba et de Dadis

Appelé à la barre ce 5 décembre 2022, le capitaine Moussa Dadis Camara n’a pas pu livrer sa part de vérité pour cause de maladie. Une situation qui a poussé le tribunal à renvoyer l’affaire au 12 décembre prochain, tout en espérant que cette fois-ci que l’ancien président du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), se porte mieux.Au sortir de la salle, l’avocat de Dadis, Me Pépé Antoine Lamah et celui de Toumba, Me Lanciné Sylla, ont réagi à la suite de la décision du tribunal.

« Il y a treize ans que le président Dadis attend ce procès et quand il est rentré de Ouagadougou, depuis la première audience, il était prêt à prendre la parole, à livrer sa part de vérité. Mais malheureusement ces derniers temps il a eu ces soucis de santé qui n’ont pas été consolidés jusqu’à date. Si aujourd’hui, le tribunal, en toute souveraineté, a décidé que ce soit son tour de parole et qu’il ne se sent pas bien, c’est tout à fait son droit de dire ça au tribunal et le tribunal n’a pas d’autres obligations que de comprendre et de tirer toutes les conséquences de droit. C’est ce que le tribunal a fait », a déclaré Me Pépé Antoine Lamah, avant de préciser que son client n’a pas peur d’affronter les débats : « Ce n’est pas par peur d’affronter les débats, ce n’est pas par peur de livrer sa part de vérité. Le président Moussa Dadis Camara a été toujours pressé pour prendre la parole et livrer sa part de vérité dans ce dossier. À l’audience prochaine, vous verrez, il sera en très bonne forme. Il livrera sa part de vérité, il va s’exprimer librement face au tribunal et il va se défendre conséquemment. »

Aucun bulletin médical sur l’état de Moussa Dadis Camara n’a été présenté au tribunal. Malgré tout, l’affaire a été renvoyée. Ce qui agace un peu l’avocat de Toumba Diakité, Me Lanciné Sylla : « Nous avons voulu qu’il nous présente un dossier médical. Lorsque quelqu’un invoque son état de santé pour faire renvoyer une affaire, l’intéressé doit être de même à prouver au moins qu’il est malade à travers la production d’un document médical et cela n’a pas été fait. Sur la base de quoi, le président a décidé en dehors de ses déclarations. Nous aurions souhaité entrer en possession d’une copie de son dossier médical, un document qui atteste qu’il souffre de telle pathologie et que son état de santé ne lui permettait pas de comparaître. Mais rien de tout cela n’a été fait et vérifié sur la base de ces simples déclarations, le président a pris cette décision de renvoyer cette affaire. »

Me Pépé estime qu’il ne devrait pas y avoir de polémique sur ce sujet à partir du moment où l’accusé n’est pas apte : « Je regrette que cette question soit l’objet de polémique. Un bulletin médical est confidentiel. Le président Dadis Camara n’a pas besoin de soumettre son bulletin médical à son adversaire. C’est une question éminemment personnelle. On ne peut pas juger une personne qui ne se sent pas bien, indépendamment de la présentation d’un bulletin médical, indépendamment du rapport d’un médecin, lorsqu’un accusé ou un prévenu estime ne pas être en mesure de s’exprimer, c’est son droit le plus absolu. Et ce droit doit être respecté. C’est un des éléments de l’exercice des droits de la défense. En aucune manière le président Moussa Dadis n’a eu l’intention de fuir les débats. Il a librement quitté Ouaga pour être à Conakry. Personne ne l’a contraint. Alors s’il avait peur d’affronter les débats il ne serait pas venu. »

Me Lanciné Sylla revient pour évoquer une inquiétude : « Il faut éviter de dire qu’il a toujours clamé la justice, qu’il a toujours voulu être là pour dire sa part de vérité. On peut avoir voulu livrer sa part de vérité, mais lorsqu’on vient, on voit la réalité du terrain, ça peut faire peur. Ça peut amener à adopter de nouvelles stratégies. Est-ce que Dadis n’est pas en train d’adopter de nouvelles stratégies ? Parce qu’il s’est rendu compte que la réalité du terrain est tout autre, et que tout ce qui avait été mis auparavant en place en termes de moyens de défense, s’écroule. Est-ce que ce n’est pas ce qui l’amène comme ça à se préparer davantage en invoquant une maladie de pathos ? »