Guinea
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Sanctions économiques : La Guinée bientôt "sevrée" de tous les financements extérieurs…

CONAKRY-Les sanctions économiques prises par la Cedeao contre la Guinée pourraient avoir des conséquences très lourdes. Déjà groggy par les effets induits de la crise russo-ukrainienne venue se greffée aux répercussions économiques dû à plusieurs années d’instabilité politique et sanitaire, le pays dirigé par le colonel Mamadi Doumbouya depuis le 05 septembre 2021 risque d’être sevré de tout financement extérieur. De nombreux projets en cours d’exécution ou en perspectives risquent de connaitre un coup d’arrêt.

En effet, en décidant de suspendre « toute assistance et transaction financière en faveur de la Guinée par les institutions financières de la CEDEAO, notamment la BIDC », les dirigeants de la Cedeao ont coupé le tuyau par lequel passent les financements extérieurs pour parvenir au pays. Ce n’est pas tout. Si ces sanctions sont appliquées à la lettre, il sera très difficile pour voir impossible pour quelqu’un qui est en Guinée de recevoir de l’argent (d’un proche) installé en Europe ou ailleurs dans le monde. Une situation qui impactera lourdement des milliers de familles guinéennes qui vivent pour la plupart de l’apport financier de leurs proches installés à l’extérieur du pays. C’est du moins l’analyse faite par l’économiste Mamadi Camara interrogé par Africaguinee.com. Dans ce bref entretien, l’universitaire apporte des éclairages sur la portée et l’implication de ces sanctions.

AFRCAGUINEE.COM : Comment analysez-vous les sanctions économiques prises par la Cedeao contre la Guinée ?

MAMADI CAMARA : C’est à peu près le même type de sanctions que l’Union Européenne a pris contre la Russie lorsqu’elle a envahi l’Ukraine. Pour expliquer simplement les choses : lorsque vous avez quelqu’un qui est en Europe ou ailleurs qui vous envoie de l’argent, ce ne sont pas les billets d’Euros qui arrivent en Guinée. C’est un système d’écriture qui se passe entre les banques. Vous avez des personnes qui font des transactions d’argents pour les envoyer en Europe et vice-versa. On a mis un mécanisme de compensation pour pouvoir réguler tout cela. Tous les pays dépendent de ce mécanisme. Une fois que ce mécanisme est perturbé, toutes les transactions que le pays peut avoir avec le reste du monde seront perturbées.

Par exemple s’il y a un projet de construction d’une route ou d’un hôpital en Guinée et qu’il soit financé par la Banque mondiale. Quand la Banque mondiale veut envoyer un million d’euros pour le financement du projet, elle ne mettra pas cet argent dans un sac pour l’envoyer en Guinée. C’est à travers ce mécanisme-là dirigé par la Cedeao que les fonds seront transférés. Dès qu’on empêche la Guinée de passer ses transactions à travers ce mécanisme, ça devient difficile d’avoir accès à ces financements extérieurs. En clair, c’est comme si quelqu’un veut te donner de l’argent, tu es prêt à le recevoir, mais le tuyau par lequel l’argent doit passer pour arriver est coupé.

Donc la BIDC c’est en quelque sorte le tuyau par lequel passent les transactions ?

C’est exact.

N’est-ce pas l’asphyxie totale pour la Guinée ?

Je n’irais pas jusqu’à parler d’asphyxie totale. Vous savez, on a fait ça à la Russie mais elle n’a pas été totalement asphyxiée. Des sanctions similaires ont été imposées à la Libye qui a souffert pendant deux voire trois ans. Après ça été une opportunité pour la Libye pour se construire. Au moment où on imposait les sanctions, la Libye était au niveau 3. Quand on a imposé les sanctions, elle est descendue au niveau 1. Mais quand on a levé les sanctions, la Libye était au niveau 20.

Donc, les sanctions si vous les utilisez bien, elles peuvent aussi avoir pour conséquence, une opportunité pour vous construire comme ça été pour la Libye. Mais tout dépend du sérieux avec lequel les autorités gèrent la sanction. Tout va dépendre aussi de leur capacité à mobiliser les nationaux autour de leur projet de société.

Les clivages internes vont favoriser cela ?

La Guinée est un pays qui en soit atypique. L’histoire nous a montré généralement que les guinéens, lorsque vous les laissez entre eux, ils ne s’entendent pas, mais dès lors qu’il y a une menace extérieure, ils taisent leurs divergences pour se mettre ensemble. Je ne suis pas en train de dire que c’est ce qui va se passer forcément avec cette situation. Mais c’est quelque chose dont il faut en tenir compte.

A suivre…

Oumar Bady Diallo

Pour Africaguinee.com