Guinea
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Subvention aux groupements féminins : des femmes de Tougué parlent de favoritisme et de corruption

Lors de la célébration de la fête internationale des droits des femmes le 08 mars 2022, le président de la transition a octroyé une subvention non remboursable à 300 groupements féminins de la Guinée. Dans la région administrative de Labé, c’est un total de 33 groupements dont 10 pour la préfecture centrale (Labé) qui ont bénéficié de ladite subvention. Quelques semaines après la remise officielle des enveloppes qui s’élèvent à 50 000 000 GNF par groupement, le torchon brûle entre les femmes de Tougué qui se regardent depuis en chien de faïence. Pire,  l’inspectrice régionale de la promotion féminine, de l’enfance et des personnes vulnérables de Labé est soupçonnée de favoritisme et de corruption par des groupements.

Tout serait parti du choix des 6 groupements devant bénéficier de la subvention dans la préfecture de Tougué. Pour ce faire, des critères auraient été établis par l’action sociale. « Tu sais comme j’ai mis des stratégies en place pour l’utilisation de l’argent c’est-à-dire un suivi. C’est de l’argent octroyé par le président de la république mais ce n’est pas de l’argent à jouer avec dans des cérémonies ou payer des bazins. L’argent est venu dans le cadre de l’autonomisation . Ce n’est pas pour une tierce personne, c’est pour un groupement.

Et ce sont eux qui ont identifié les groupements puisque je ne les connaissais même pas, c’est la directrice préfectorale du CAF (Centre d’autonomisation féminine) de Tougué qui a identifié les groupements. Nous, on a fait que remonter la liste. J’ai dit de prendre un groupement par commune rurale . Tu sais ce n’est pas tout le monde qui peut bénéficier et celle qui n’ont pas eu là. Elles sont sur les nerfs. J’ai pris 06 groupements par préfecture », entame Fatoumata Diakité, l’inspectrice régionale de la promotion féminine, de l’enfance et des personnes vulnérables de Labé.

Un partage qui passe mal chez Thierno  Oumou Baldé, la présidente du groupement Limanya de Tougué. « La Directrice préfectorale de  l’action sociale nous a appelés. Nous sommes allés rencontrer le DMR (Directeur des Micros Réalisations). On nous a demandées si nous avions un agrément et un compte bancaire nous avons répondu par l’affirmative. C’est ainsi qu’une liste de 5 groupements dont le nôtre a été faite et signée. Par la suite nous avons appris que l’argent (50 millions GNF par groupement) est venu à  Labé  et que la Directrice du CAF est partie récupérer. Une fois à son retour à Tougué, nous sommes  allés rencontrer  le préfet. Séance tenante, la Directrice du CAF a déclaré qu’elle a remis l’argent à  des groupements de Kollet, Konah, Kouratongo et de la commune urbaine. Nous avons demandé à  ce qu’on soit rétabli dans nos droits par le préfet sans succès.  Nous sommes vraiment décidées à aller jusqu’au bout. Si le préfet n’est pas en mesure de nous rétablir qu’il nous transfert au niveau du gouvernorat, nous sommes prêtes mais il faut  qu’on nous rétablisse dans nos droits », dénonce-t-elle.

Pourtant, l’inspectrice régionale de la promotion féminine parle de 06 groupements identifiés dans les règles de l’art. « La liste des 06 groupements a été remontée à Conakry où ils ont appelé groupement par groupement pour vérifier l’authenticité. Après, c’est lors de l’immersion gouvernementale à Labé que Mme la ministre a procédé à la remise provisoire des chèques à trois groupements. C’est par la suite que la remise effective s’est tenue à Conakry. Maintenant, le jour de la remise là, j’ai appelé toutes les autorités et tout le monde est venu. Ils ont versé l’argent sur les comptes. Chaque groupement a reçu 50 000 000 GNF et les directrices préfectorales et même le gouvernorat en sont témoins. J’ai tous les papiers. Les protocoles d’accord et les chèques de tous les groupements avec des décharges», insiste Fatoumata Diakité.

Contre toute attente, la directrice préfectorale de la promotion féminine de Tougué soutient avoir été écartée du processus à la dernière minute. « J’ai été informée par monsieur le préfet de déposer une liste de 5 groupements  féminins. Je l’ai fait au niveau  du Directeur des Micros Réalisations (DMR) de Tougué qui devait remonter la liste à la préfecture. Comme j’avais des consultations sanitaires  à faire à Conakry, je suis partie et je n’ai pas su si le DMR avait déposé la liste ou pas. C’est par après lors de la remise des  subventions à Labé que mes homologues des autres préfectures m’ont appelé pour me demander pourquoi je n’y suis pas allée. J’étais étonnée car je n’avais aucune information la-dessus. Il s’est trouvé que c’est la Directrice du Centre d’autonomisation des femmes qui relève de mois qui est partie réceptionner les subventions qui ont été attribuées à  d’autres groupements féminins. Je suis allée rencontrer le préfet mais après plusieurs échanges le préfet me dit que comme des groupements ont déjà reçu l’argent qu’il ne peut plus rien « ,  explique Adama Oury Diallo.

Également interrogé sur le sujet, lieutenant Colonel Mohamed Lamine Camara, le préfet de Tougué a été on ne peut plus clair : « c’est faux. A Tougué c’est 06 groupements qui ont bénéficié de la subvention. Mais, il y a d’autres qui estiment que ceux qui ont été choisi n’ont pas droit devant eux. C’est ça le problème si non les 06 groupements ont reçu. D’abord l’argent a été donné par les numéros des groupements. Personne ne peut prendre à la place de l’autre. C’est une désinformation c’est tout », a-t-il réagi.

Par ailleurs, des groupements frustrés par ce partage accusent l’inspectrice régionale de l’action sociale d’avoir soutirer 8 millions GNF dans l’enveloppe de chaque groupement bénéficiaire. Une accusation aussitôt rejetée par Fatoumata Diakité. « (éclat de rire), L’inspectrice est alors très riche en ce moment. C’est comme ça qu’ils sont en train de m’accuser à Labé moi je n’ai rien reçu, pourquoi je vais prendre ça ? Je vais faire quoi de cet argent ? Ils ont dit que c’est l’autonomisation des femmes, on est là pour les accompagner. Maintenant pourquoi est-ce que je vais prendre  ? Je n’ai rien à avoir avec leur argent là. Je n’ai rien pris, c’est seulement parce que je les ai dit qu’un franc ne sortira de leur compte tant que je n’ai pas les plans d’action. C’est ce qui les a énervés parce que d’autres voulaient sortir l’argent. L’argent se trouve dans leur compte au niveau du crédit rural », précise-t-elle.

Il faut signaler que les mêmes problèmes ont été signalés dans d’autres préfectures de la Guinée comme Kindia.