Luxembourg
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Gardiennage privé : la majorité «récidive» dans la Ville-Haute

Deux équipes de deux agents de sécurité patrouilleront en soirée dans un large périmètre couvrant le centre-ville.

Alors que la Ville de Luxembourg annonce un nouveau contrat avec une société privée pour sécuriser, non plus le quartier Gare, mais la place Hamilius et le parc municipal, où la criminalité se serait déplacée, l’opposition s’étrangle.

«C’est une récidive», lâche le conseiller Guy Foetz (déi Lénk) en apprenant la nouvelle : la bourgmestre Lydie Polfer annonce qu’un nouvel appel d’offres a été lancé pour engager une société de gardiennage privée, non plus au quartier Gare, où la situation semble se stabiliser depuis la réorganisation des patrouilles de police en début d’année, mais dans la Ville-Haute.

Évoquant une recrudescence de la criminalité liée à la drogue du côté de la place Hamilius et du parc municipal, notamment au niveau de l’aire de jeu «Pirateschëff», la bourgmestre a, en effet, indiqué hier sur les ondes de RTL que la Ville allait de nouveau recourir à un prestataire privé pour, cette fois, sécuriser ces zones.

Une décision qui ne passe pas pour la Gauche : «Nous plaidons en faveur de mesures sociales et non de la répression. Des patrouilles privées ne résoudront pas le cœur du problème! On le voit à la Gare, la bourgmestre le dit elle-même : la criminalité s’est déplacée», souligne Guy Foetz. L’élu y voit surtout une manœuvre politique de la majorité pour aller chercher des voix de plus en plus à droite, à un an des prochaines élections communales.

Alors que leurs recours déposés en mai 2021 au tribunal administratif n’ont toujours pas été examinés – la première séance étant fixée à décembre prochain – les conseillers déi Lénk Stad n’excluent pas une nouvelle motion commune avec les socialistes et les verts, comme ils l’ont fait par le passé.

Car leurs collègues bataillent sur la même ligne : «C’est d’abord à la police d’assurer cette mission de sécurité publique», martèle François Benoy, chef de file des verts, pointant l’inaction de la majorité DP-CSV sur les questions sociales, pourtant centrales dans ce dossier.

«Le collège échevinal fait la sourde oreille dès qu’il s’agit de s’attaquer aux véritables problématiques», déplore-t-il, lui qui plaide depuis longtemps pour la décentralisation de l’Abrigado, cette structure de consommation de drogues «trois à quatre fois trop grande pour le quartier», et le développement du housing first, qui garantit un accès immédiat au logement pour les personnes les plus vulnérables.

L’élu déi gréng dénonce l’immobilisme du collège, ces dernières années, sur ces deux pistes et doute de la durabilité des mesures annoncées : «La situation s’améliore à la Gare, grâce à l’action de la police, mais le problème de la toxicomanie ne va pas disparaître, il faut l’affronter. La majorité veut mettre des caméras partout, mais ça ne fait que déplacer le problème, on le constate», soupire-t-il.

«Nous mobilisons tous les leviers possibles»

Face à cette levée de boucliers, le premier échevin, Serge Wilmes, joint au téléphone, tient d’abord à rappeler que si une certaine délocalisation de la criminalité liée à la drogue est bien observée ces derniers mois, les problèmes dans la Ville-Haute sont préexistants : «Dès 2018, on avait déjà une équipe d’agents de sécurité au centre-ville et dans le parc», explique-t-il, ajoutant que c’est précisément pour ces raisons que le bateau de l’aire de jeu a dû être modifié. «Des seringues et des bières étaient fréquemment retrouvées là. Désormais, on ne pourra plus y dormir», tranche-t-il.

Il se défend également d’oublier le volet social au profit de la seule répression : «On mise beaucoup sur le préventif, la Ville investit généreusement dans l’aide aux plus démunis, et les membres de l’opposition le savent bien», rétorque l’élu chrétien-social, insistant aussi sur les efforts menés pour animer les quartiers et valoriser l’espace public, à travers des événements saisonniers ou des projets de réaménagement. «Nous prenons nos responsabilités en mobilisant tous les leviers possibles», conclut-il, estimant que la police doit maintenant «accélérer la cadence» et disposer enfin des moyens suffisants pour maintenir l’ordre, alors que «pour l’instant, ce n’est pas le cas».

Les débats du prochain conseil communal prévu ce vendredi s’annoncent donc houleux, alors que la question sera sur la table et que la ministre de la Justice, Sam Tanson, présentera, le même jour, sa réforme de la loi sur les activités privées de gardiennage et de surveillance.

Le nouveau contrat démarre le 1er juillet

Ce nouveau contrat de «surveillance mobile» débutera le 1er juillet et s’étalera sur trois mois, précise Serge Wilmes. Deux équipes de deux agents de sécurité se déplaceront dans la Ville-Haute de 17 h à 23 h en semaine, et de 17 h à minuit le week-end, pour surveiller notamment les points suivants : Cinémathèque, théâtre des Capucins, hôtel de ville, Cité-bibliothèque, kiosque Charly’s Gare, kiosque place d’Armes, Pirateschëff et toilettes publiques au parc municipal, ces dernières devant être prochainement fermées.

En parallèle, depuis une quinzaine de jours, deux médiateurs du service «À vos côtés» assuré par l’ASBL Inter-Actions arpentent déjà ce même secteur. Il s’agit de l’équipe habituellement affectée à Bonnevoie, mais un nouveau recrutement est prévu dès juillet pour que la Ville-Haute dispose de ses effectifs propres.