Luxembourg
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Homicide à Tétange : «La téléphonie ne ment pas»

«Qu’ils insistent tous les deux à ce point sur 15 h était étrange», a expliqué l’enquêteur.

L’étau se ressert autour de Liette et de son fils au fil des constatations de l’enquêteur. Sascha pourrait avoir joué un rôle dans l’homicide de son père le 12 septembre 2019 à Tétange.

«La maison était très propre. Les draps avaient été enlevés des lits et les poubelles étaient vides quand nous sommes arrivés à 21 h», confirme l’enquêteur de la police technique. «Les seules empreintes de pas ensanglantées que nous avons trouvées en dehors de la cuisine étaient les traces laissées pas les policiers et les secouristes.»

Les traces de pas de l’auteure présumée des faits s’arrêtent au seuil de la cuisine où le crime a eu lieu. Le policier confirme les analyses des différents experts entendus avant lui par la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg ces deux derniers jours. Nicolas a été poignardé dans le dos et est décédé des suites de ses blessures sur le sol de la cuisine du domicile familial à Tétange le 12 septembre 2019. La lame de 19 centimètres a notamment traversé le cœur.

Des découvertes qui amènent les représentants de la justice à penser que les lieux ont pu être nettoyés avant l’arrivée de la police. «Nous n’avons pas trouvé d’outils de nettoyage présentant des traces de sang. Donc si le ménage a été fait, quelqu’un s’en est débarrassé», précise le policier.

Cela pourrait être le fils du couple, par exemple, coprévenu dans cette affaire, insinue la magistrate qui, contrairement à l’avocat du jeune homme de 38 ans, Me Rollinger, estime que certains «indices» l’incriminent. Les enquêteurs pensent que le crime a dû avoir lieu entre 15 h 30 et 18 h. Les secours ont été prévenus vers 19 h 30 par une amie de Liette. Des traces ont été découvertes dans le lavabo de la cave ainsi que grâce au Bluestar, un révélateur de sang.

La sexagénaire dit avoir été terrorisée à longueur de journée par son défunt époux et avoir craint pour sa vie en silence. Aucun indice ne permet de confirmer ou d’infirmer cette affirmation. Le jour des faits, Nicolas aurait brandi un couteau dans sa direction lors d’une dispute et elle aurait tenté de le désarmer avant de le poignarder à dix reprises dans le dos et l’épaule gauche.

Pourtant, les policiers n’ont pas constaté de blessures découlant de cette manœuvre sur la mère de famille, ce qui soulève des doutes quant à une éventuelle préméditation et à l’implication de Sascha, le fils de la famille.

Des questions et des hypothèses

Le contenu de messages échangés entre la mère et le fils le 12 septembre 2019 montre leur attachement et, mais c’est une question d’interprétation, une certaine complicité. L’analyse de leur téléphonie a convaincu les policiers. Il ne serait, selon eux, pas impossible que Sascha se soit trouvé au domicile familial au moment des faits, contrairement à ce que mère et fils affirment.

Il serait parti à 15 h pour prendre le bus à 15 h 12 en direction d’Esch-sur-Alzette. «Qu’ils insistent tous les deux à ce point sur 15 h était étrange», a expliqué l’enquêteur pour qui «les analyses de la téléphonie ne mentent pas. (…) Les dépositions de Sascha sur le déroulement de sa journée collent à nos constatations après les analyses de la téléphonie, sauf dans l’après-midi jusqu’au moment estimé des faits.»

Le téléphone du jeune homme a «borné» sur un pylône de Kayl une partie de l’après-midi jusqu’aux environs de 16 h 30. «Pourquoi téléphoner à un ami à 15 h 24 pour lui demander de venir le chercher s’il était dans un bus comme sa mère et lui l’affirment?», souligne la présidente.

Seul Sascha, autiste Asberger et toxicomane, le sait. Il n’interviendra pas lors du procès, a annoncé lundi son avocat, Me Rollinger. Il n’y aurait pas suffisamment de preuves à son encontre au dossier. À 17 h 36, Liette lui a envoyé le message «Den N ass d…» supposé lui annoncer la mort de son père. Pourquoi, s’il était présent au domicile familial?

Les questions et les hypothèses se sont à nouveau enchaînées hier. Liette disposait, selon l’enquête, de suffisamment de temps pour imprimer une lettre évoquant les violences qu’elle dit avoir subies et faire le ménage, qu’elle ait été aidée ou pas. La personnalité de Liette apparaît de plus en plus trouble au fil du résumé de l’enquête.

Un rapport réalisé en 2000 par le service de protection de la jeunesse de la police judiciaire fait état d’un père effacé écarté de l’éducation des enfants et de la vie de famille qui était régies par Liette et par sa mère.

Les résultats de l’expertise d’un neuropsychiatre devraient venir éclairer un peu plus le tribunal à son sujet. Ils seront présentés ce vendredi matin. Les premiers proches de la famille seront ensuite interrogés.