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L’addiction, le «cercle parfait»

Hamadou Zarmakoye est psychothérapeute spécialiste des comportements excessifs. (Photo : hervé montaigu)

Pour Hamadou Zarmakoye, psychothérapeute spécialiste des comportements excessifs, l’addiction aux jeux d’argent est aussi dangereuse qu’à portée de main.

Comment se crée l’addiction aux jeux d’argent ?

Hamadou Zarmakoye : C’est à cause du cercle vicieux du jeu. Ça commence avec « moins égale moins ». Quand on perd, on est stressé, on se sent mal, on culpabilise et donc on veut encore jouer pour récupérer ce que l’on a perdu. Et quand on gagne, « plus égale moins », car on finit toujours par perdre ce que l’on a gagné. Plus l’on gagne, plus on veut jouer et on ne peut pas s’arrêter sur une victoire, car on croit qu’on peut gagner plus. Donc, c’est le cercle parfait, avec la cortisone et la dopamine qui entrent en jeu et qui sont des hormones qu’on ne peut pas contrôler. L’addiction est parfaite.

Quels sont les mécanismes que les joueurs emploient pour se procurer de l’argent ?

Il y a trois cercles d’argent. Au début, c’est le cercle des ressources personnelles. On commence par 20 euros, puis on met tout, même son épargne. Certains se mettent même à vendre leurs objets personnels. Après, le second cercle, c’est celui des ressources sociales, la famille, les amis, les collègues. On demande partout, et après un certain temps, les gens réalisent qu’il y a un problème. Alors, le troisième cercle devient dangereux : c’est celui de la criminalité. J’ai vu des banquiers qui ont manipulé des chiffres, par exemple. C’est là que ces personnes perdent leur dignité et font ce qu’elles n’auraient jamais fait. Souvent, arrivés là, le dernier recours, c’est la psychiatrie ou le suicide quand elles vont réaliser tous les dégâts qu’elles ont causés.

Dans le cadre de la thérapie, préconisez-vous l’abstinence totale et immédiate en matière de jeux en tout genre ?

Oui, car quand on est abstinent et que l’on commence à jouer au loto, le problème est que le cerveau ne fait pas la différence. C’est comme un alcoolique qui essaye d’arrêter et qui boit une bière sans alcool. Rien que le goût peut, avec le temps, provoquer la sensation de l’alcool qu’il avait avant, et donc ça peut le pousser à reprendre. Avec le jeu, c’est pareil, même si le loto ne rend pas addict, cela peut augmenter le risque de rechute.

Quelle est la partie la plus importante de la thérapie ? 

Dans le processus thérapeutique, le soutien des proches est vraiment primordial. Souvent, la famille ou l’entourage disent « si tu veux, tu peux arrêter », « ce n’est pas si grave que cela » ou bien « c’est bête de faire ça ». C’est culpabilisant alors qu’il faudrait soutenir et écouter afin de libérer la personne et la motiver vers la recherche de solutions. Quand quelqu’un est concerné, il faut arrêter les pensées normatives, car cela ne fonctionne pas. C’est ensemble que l’on peut chercher de l’aide.