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Omar Hasan, du rugbyman au chanteur lyrique

Aujourd'hui, Omar Hasan sillonne le sud de la France au gré des représentations de son spectacle intitulé Belcantor. (Photo : afp)

L’ancien rugbyman rugueux argentin a longtemps poussé la chansonnette pendant les troisièmes mi-temps. Aujourd’hui, à 53 ans, il vit une nouvelle vie de chanteur d’opéra ou de tango.

Installé à Toulouse depuis 2004, Omar Hasan a d’abord eu une riche carrière de joueur professionnel. Formé en Argentine, il a successivement joué en Nouvelle-Zélande (Wellington), en Australie (ACT Brumbies), puis dans trois clubs historiques du sud-ouest de la France : Auch, Agen et Toulouse. Lors du Mondial en 2007, avec ses coéquipiers de l’équipe d’Argentine Agustin Pichot et Juan Martin Hernandez, il avait mis à genoux, à deux reprises, l’équipe de France, s’adjugeant la troisième place de la compétition disputée en France. «L’apothéose de ma carrière!», se souvient le pilier droit. Six mois plus tard, à 37 ans, il prend sa retraite.

La vie après le rugby, il l’avait d’abord imaginée dans l’agroalimentaire ou le commerce international, entre France et Argentine, avant de décider de se consacrer à sa passion. «Je suis le seul rugbyman professionnel reconverti dans la chanson. Après le rugby, j’ai ressenti le besoin d’avoir une activité artistique», dit le gaillard en sirotant un maté (NDLR : infusion argentine), installé dans son salon pour regarder Argentine-Samoa. Il suit, religieusement, toutes les rencontres des Pumas au Mondial-2023.

Premiers spectacles devant l’arrêt de bus

Tout avait commencé dans les années 1970 dans la province de Tucuman, au pied de la Cordillère des Andes. Enfant, il chante à peu près tout le temps, avec la chorale à l’école primaire ou lors de réunions de famille. Ses premiers spectacles, il les donne devant l’arrêt de bus, sur la place centrale de Choromoro, le village de ses grands-parents où il passe l’été. Il a alors neuf ans, entonne des chansons populaires et les spectateurs sont les voyageurs qui lui distillent les premières salves d’applaudissements, avant de monter dans l’autocar.

C’est à cette époque-là que le gamin turbulent, souvent puni pour s’être battu ou avoir fait le pitre à l’école, délaisse le football, sport national en Argentine, pour le judo, puis le rugby, invité par un ami à participer à un entraînement de Natacion y Gimnasia, club de San Miguel de Tucuman, la capitale provinciale où il vit avec ses parents. C’est ensuite dans les vestiaires et les banquets d’après-match dans la province de Tucuman, pendant les tournées de l’équipe d’Argentine sur les cinq continents, qu’il donne de la voix.

Folklore argentin, Sinatra, Julio Iglesias, airs d’opéra, tango ou les chansons qui plaisaient à mes amis, j’ai toujours chanté!

«Folklore argentin, Sinatra, Julio Iglesias, airs d’opéra, tango ou les chansons qui plaisaient à mes amis, j’ai toujours chanté! On me disait que j’avais une belle voix, mais je n’osais pas aller plus loin. Je ne pensais pas en avoir une assez bonne», confie ce père de deux enfants, marié à une Argentine. En 2002, lors d’un repas d’après-match à Agen, Jean-François Gardeil est subjugué. Ce professeur de chant lyrique entend la voix puissante du pilier droit et détecte chez lui un talent brut, dit-il.

«Quelques jours après, on commençait les cours. Omar est un baryton lyrique central avec un très joli timbre de voix», précise le professeur et artiste lyrique. Des mois plus tard, Omar Hasan chante un tango lors d’un concert caritatif au parc des expositions d’Agen, où se produit aussi Francis Cabrel. «Ce jour-là, j’ai compris que c’était ce que je voulais faire. J’avais toujours rêvé de chanter dans un groupe, mais comme je jouais le week-end, c’était impossible.»

Un changement pas étonnant

Une fois à Toulouse, où il joue de 2004 à 2008, il consacre de plus en plus de temps à sa passion et entre au conservatoire de chant. Ancien partenaire au Stade Toulousain, le troisième ligne international Yannick Nyanga n’a pas été étonné de voir son ami changer d’horizon. «Il ne fallait pas insister longtemps pour qu’il se mette à chanter, il suffisait de lui dire : « Allez Omar ». Ce type de reconversion, ce n’est pas fréquent, mais pas surprenant. Il est passé d’un métier passion à un autre.»

Aujourd’hui, Omar Hasan sillonne le sud de la France au gré des représentations de son spectacle intitulé Belcantor, dans lequel il interprète des classiques latino-américains, des tangos, des airs d’opéra ou Toulouse de Nougaro. Cette année, il a également chanté dans Carmen et tient parfois des seconds rôles au cinéma. En 2024, il va ainsi jouer le rôle titre dans une comédie musicale… sur le boxeur Rocky Balboa.