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À 16 ans, cette pilote moto azuréenne peut devenir championne de France ce week-end au Castellet

Sur les circuits du championnat de France Supersport 300, cette saison, elle a déjà fait sensation en embrassant la victoire. Un succès sans lendemain? Que nenni! Première à Lédenon, puis à Pau-Arnos, et encore il y a un mois du côté de Carole, en banlieue parisienne, Justine Pedemonte peut marquer l’histoire du FSBK ce week-end puisque la jeune pousse du Centaure Club de Nice figure parmi les quatre prétendants à la couronne: 3e à 23 points du leader, Cyprien Baby. Du haut de ses 16 ans, la cavalière de la Yamaha R3 N°125 ne se fait pas une montagne de l’imminente finale varoise. Elle va la croquer à pleines dents. Tous derrière et elle devant? Chiche!

Justine, si on vous avait dit au soir du week-end d’ouverture que vous participeriez à la lutte finale pour le titre ici six mois plus tard, comment auriez-vous réagi?

Impossible d’imaginer ça, franchement. Au Mans, le dimanche, après les deux chutes enchaînées en deux courses, avec zéro point au compteur, pour moi, il n’y a plus aucun espoir de jouer le titre. Dans ma tête, je décide alors de faire abstraction du championnat. Je ne pense plus qu’à l’épreuve suivante. Faire le mieux possible à chaque départ, voilà mon seul objectif. Un bon moyen d’évacuer la pression. En fin de compte, cette saison 2023m’a appris une chose essentielle. L’enseignement numéro 1: il ne faut jamais abandonner. Jamais baisser les bras!

Ces deux gamelles initiales, aujourd’hui, vous les ruminez encore un peu? Beaucoup?

Pour quoi faire? Moi, j’ai chuté au Mans. D’autres sont tombés ailleurs. À quoi bon ressasser le passé? Penser que sans ces deux gadins j’aurais pu arriver au Castellet avec plus de points, voire en tête du championnat, ça ne change rien. On ne peut pas réécrire l’histoire. Aujourd’hui, je préfère me réjouir d’avoir réussi à remonter la pente.

Peut-on dire que la première victoire décrochée le 28 mai à Lédenon a constitué un déclic?

Ah oui, clairement! Jusque-là, je ne totalisais que deux podiums (2e au Castellet en 2022, 2e à Nogaro cette saison, ndlr). Gagner, ce fut comme une libération, une délivrance. Je me suis dit: "Voilà, tu en es capable! Ce n’est pas si compliqué." De quoi faire le plein de confiance. À partir de ce moment-là, partout, vous visez le sommet. Je ne veux plus finir deuxième!

Dans quel état d’esprit abordez-vous cette ultime étape décisive?

Nous sommes encore quatre à pouvoir obtenir le titre. Moi, je ne maîtrise pas mon destin. Décrocher la pole position et deux victoires sur le Paul-Ricard, ça ne suffira pas si le leader du championnat engrange des gros points juste derrière. Donc inutile de se mettre la pression. Je sais ce qu’il faut faire. Jeter toutes mes forces dans la bataille. La course décidera.

Là, vous ne pensez vraiment qu’au prochain départ? Comme si vous n’aviez aucune chance de coiffer la couronne?

On ne va pas se mentir: le titre, il figure forcément quelque part dans un coin de ma tête. Parce que je sais que ça peut arriver. Mais pas question de changer mon approche vu que cette façon de penser m’a pas mal réussi lors des échéances précédentes. Il faut absolument garder le même état d’esprit. Je sais que le titre sera attribué au Castellet mais je n’y pense pas.

Comment expliquez-vous le grand bond en avant accompli durant cette saison 3 en Supersport 300?

L’hiver dernier, je me suis beaucoup entraîné physiquement. Je suis allé rouler en Espagne sur des circuits de kart avec Valentin Debise (le pilote français évoluant en championnat du monde Supersport 600 cette saison). Des séances d’essais en 300, mais aussi en 600. Cela m’a permis de mieux me sentir au guidon. La moto, maintenant, j’en fais ce que je veux. Et puis j’ai bossé l’aspect mental. Quelqu’un m’aide dans ce domaine. Les résultats positifs me font progresser, aussi. J’ai de plus en plus confiance en moi.

Dernier week-end au guidon de la Yamaha R3: cette machine, vous allez la quitter avec un petit pincement au cœur?

Oui, c’est sûr. Avec elle, je viens d’enchaîner trois saisons, dont une assez compliquée. J’ai vécu des hauts et des bas. J’ai beaucoup appris, surtout. Quoi qu’il advienne ce dimanche, je garderai un bon souvenir de la catégorie 300. Ça restera une belle période, très instructive.

Et quelle sera la suite en 2024?

Le championnat de France Supersport 600, normalement. La moto n’est pas encore choisie. Cette année, j’ai pris mes marques sur une Honda CBR prêtée par un partenaire. Je me sens déjà à l’aise. J’adore la sensation de puissance. Donc hâte d’enclencher la vitesse supérieure en compétition.

À l’image de la F1 Academy cette année, un championnat du monde féminin verra le jour en 2024 sur les circuits européens du World Superbike. Qu’en pensez-vous?

Bonne initiative. Peut-être qu’une fille s’en servira tel un tremplin. Moi, je ne suis pas concernée à court terme car il faut avoir 18 ans minimum. De toute façon, j’ai l’habitude de me battre contre les garçons. Comme l’auto, la moto est l’un des rares sports mixtes. J’estime que ça doit rester ainsi. Attention, je ne ferme pas la porte! Mais j’envisage vraiment de tracer mon chemin au milieu des garçons. C’est mon caractère!