Monaco
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

A La Farlède, un ingénieur industrialise la production de spiruline

La spiruline, cette microalgue aux multiples vertus, en particulier son apport naturel en protéines et différentes vitamines, qui a tant fait parler d’elle il y a quelques années… Où en est-elle aujourd’hui? Si les Français en consomment 400 tonnes, elle provient à 90% d’Asie… Au point que la Fédération des Spiruliniers de France appelle sur son site à la prudence face aux fausses mentions sur certains produits.
Conscient de tout ça, Michel Couderc, ingénieur agronome de formation, a quand même décidé de se lancer dans sa culture, et même dans l’innovation, pour relever le défi.

"Il existe deux types de modèle. D’un côté, celui des Indiens, Américains ou Chinois, à grande échelle, avec notamment en Chine des séchages à 200 degrés qui font exploser les molécules. De l’autre, les Français, essentiellement de petites exploitations, avec beaucoup de tâches manuelles et onéreuses", résume cet ancien cadre dans le marketing du vin qui loue depuis deux ans 5.800m² de serres à La Farlède dont 5.200 de bassins.

"Cela en fait en superficie la deuxième plus grande ferme de France et la première de la région", assure le spirulinier qui a déjà sorti une gamme de produits" démonstrateurs", comprimés, biscuits fabriqués en partenariat avec des acteurs locaux, mélange à destination des sportifs…
Le but de sa société baptisée Spirulines Productions? Utiliser cette vitrine pour attirer des industriels susceptibles de lui commander de grosses quantités.

Process industriel

Car l’ingénieur a mis au point une machine qui, en renversant le process de l’agroalimentaire, extrait les déchets dans une chaîne de production.

"Là, c’est l’inverse, la machine récupère l’algue avec très peu de milieu de culture. Autrement dit, l’eau dans laquelle elle se développe, soit un taux de 25% de matière sèche contre 20% habituellement, détaille le dirigeant. Or ce qui peut donner une mauvaise odeur et un goût trop prononcé, c’est justement cette part du milieu de culture, qu’il faut assécher dans le process."

Sa machine, bien gardée dans le local technique de la ferme alimentée par l’eau du canal de Provence, et pour le développement de laquelle il est accompagné par l’INPI, permet aussi une récolte rapide, avec une capacité de 20 tonnes par an sous forme de crème, son produit phare.

Spirulines  Productions recherche aussi
des points de vente pour ses produits.

"Elle peut se déguster ainsi, comme du beurre, mais aussi faire office d’exhausteur de goût dans un plat. D’ailleurs, je recherche des chefs qui seraient intéressés pour mettre au point des recettes."
La capacité est de 5 tonnes par an sous forme de paillettes, la plus commune dans le commerce, après un séchage doux pour préserver les actifs. "Le fait que nous prélevions très peu de milieu de culture permet aussi de proposer des taux de concentration plus importants dans nos produits car nous n’avons pas le problème de goût et d’odeur que peuvent rencontrer d’autres process. C’est une vraie innovation", ajoute Michel Couderc  accompagné depuis 2021 par l’incubateur Paca-Est et  qui fait aussi partie du pôle Innov’Alliance dont l’antenne de Nice le suit de près.

Comprimés sans adjuvants

Spirulines Productions, financée sur fonds propres et par l’emprunt, a également fait l’acquisition d’une machine qui fabrique des comprimés, composés de 100% de spiruline "sans adjuvants".

Au rythme d’une récolte quotidienne en été puis hebdomadaire et mensuelle en hiver, sans chauffer les serres, la ferme - pas encore rentable mais forte d’une équipe de trois salariés dont un ingénieur responsable de production - est aujourd’hui en prospection de clients mais aussi de partenaires industriels pour passer à la vitesse supérieure.

"Je suis également prêt à commercialiser ma technologie", ajoute l’entrepreneur convaincu de l’avenir de la spiruline française, et du développement qu’elle peut connaître grâce à cette machine capable de récolter vite, tout en limitant le prélèvement du milieu de culture.

Le Var, terre de spiruline

Si l’on en croit le site internet de l’Association des Spiruliniers de France, le Var est une terre fertile pour cette cyanobactérie. Sept fermes sont en effet recensées dans le département, ce qui en fait l’un des mieux dotés de France.