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Coupe du Monde de rugby: qu'est-ce que le protocole HIA3 que va devoir passer Antoine Dupont avant un retour avec le XV de France?

La France a retenu son souffle, l'espace d'une mi-temps qui a semblé durer une éternité. Le 21 septembre dernier, la star du rugby français, Antoine Dupont sortait prématurément à la 46e minute du match opposant le XV de France à la Namibie. 

Victime d'un choc ultra violent à la pommette, le capitaine et demi de mêlée des Bleus a été opéré dans la foulée et se repose désormais chez lui, en famille. Une semaine après l'opération, les nouvelles le concernant sont rassurantes. Selon le manager santé des Bleus, Bruno Boussagol, ce dernier l'a eu au téléphone: "il a le moral, il est confiant, son œdème s'est résorbé". Dans un entretien à l'AFP il évoque également quelques douleurs liées au choc reçu, mais tous espèrent un "retour rapide", a-t-il dit. Pour le joueur, la suite est simple: une visite chez le chirurgien, un contrôle neuro dans la semaine mais pas seulement. Il va devoir suivre un "process". 

"Son retour est conditionné par le feu vert du chirurgien, c'est clair. Tant qu'on n'a pas le feu vert du chirurgien, on va attendre pour parler de retour. D'autant que sa reprise est également conditionnée par le protocole HIA3 (évaluation du diagnostic de la commotion, NDLR)", a-t-il précisé. Qu'est-ce que ce protocole? Voici ce qu'il faut savoir. 

Des tests visant à repérer une éventuelle commotion cérébrale, même à retardement 

Lorsqu'un joueur est sorti du terrain, il doit être soumis à un protocole dit "HIA ("head injury assessment", évaluation de blessure à la tête), "visant à contribuer à l'identification, au diagnostic et à la prise en charge des impacts à la tête avec risque de commotion cérébrale", qui se déroule en trois étapes.

Lors de la première (HIA1), le joueur sorti est soumis à un examen hors du terrain d'une durée de douze minutes, qui comprend notamment une analyse vidéo de l'action dans laquelle il a été impliqué ainsi que d'un examen clinique réalisé soit par le médecin de son club, soit par un indépendant. Il va lui être demandé notamment de "réciter par trois fois une liste aléatoire de dix mots, de réaliser deux tests d'équilibre, de répondre à quelques questions sur le match en cours et ses symptômes ou de dire à l'envers plusieurs chiffres", précise le docteur Emmanuel Reboursière, superviseur médical du Mondial-2023. Ces données sont comparées à une base existante sur chaque joueur, comprenant notamment "l'historique de ses commotions", ajoute-t-il, permettant au médecin d'établir une évaluation, et donc de décider si le joueur peut être autorisé à revenir sur le terrain ou pas.

La deuxième étape, ou HIA2, consiste en un examen médical précoce trois heures après la fin du match, même si le HIA1 s'est révélé négatif, afin de déterminer l'évolution clinique du joueur. Enfin, la dernière (HIA3) est réalisée après deux nuits de repos (36 à 48 heures après l'impact à la tête) afin de détecter les cas de "commotion à expression retardée". Selon World Rugby, cet examen comporte ainsi un "épreuve d'orientation", un test de mémoire immédiate, un test de concentration et un score de rappel retardé". Un joueur commotionné doit, quoi qu'il en soit, attendre douze jours avant de revenir sur les terrains.

Dans l'hypothèse où le joueur obtiendrait le feu vert des différentes instances et médecins, peut-on espérer un retour du champion sur les terrains pour les quarts? "On ne peut pas se poser cette question. Il y a tellement de choses à valider qu'on ne se projette pas sur ça. On se projette uniquement sur son retour dans le groupe, la reprise du rugby. Forcément, on espère le voir le plus tôt possible. Je ne pense pas que ce sera contre l'Italie. J'en suis même convaincu, a certifié le manager santé des Bleus. La question essentielle aujourd'hui est son retour avec nous et sa reprise de l'activité physique. C'est ça la vraie question." Chaque chose en son temps, donc. 

Demeure la vraie question: le demi de mêlée, opéré la semaine dernière d'une fracture au visage et victime d'une commotion, sera-t-il remis pour les quarts de finale, contre l'Afrique du Sud si la logique sportive est respectée?

L'un des entraîneurs des avants William Servat n'a "pas de doute", a-t-il dit mardi. Deux jours plus tard, Boussagol affichait aussi son optimisme mais le tempérait: il évoquait des "nouvelles rassurantes", une évolution favorable et un "retour rapide", tout en se gardant de donner un calendrier précis dans l'attente des examens médicaux, à la fois sur les suites de l'opération de la fracture et la commotion qu'a subie Dupont dans le choc avec le centre namibien Johan Deysel le 21 octobre.

- "Touché, pas coulé" -
En cas d'accord médical, "son retour se fera de façon progressive, d'abord par du vélo. A priori en début de semaine", a-t-il expliqué. Un retour dans le groupe dimanche a aussi été évoqué. Ensuite, avant de penser à un retour au jeu et aux contacts, viendra "une phase de réathlétisation car il a connu un arrêt avec ce choc", a expliqué le kinésithérapeute.

Quant à la question sur sa présence en quart, le 14 ou le 15 octobre, "on ne peut pas se (la) poser", "il y a tellement de choses à valider qu'on ne se projette pas sur ça", a encore évacué Boussagol. "Tant qu'on n'a pas le feu vert du chirurgien, on va attendre pour parler de retour", a-t-il ajouté, répondant à ceux qui souhaiteraient précipiter les choses.