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Le choix du covidé, passion taxes, Mélenchon en tête de gondole... La Semaine vagabonde de Denis Carreaux

Lundi
Le choix du covidé. À force de passer entre les gouttes, il fallait bien que cela arrive un jour. Ce soir, pour la première fois, je suis "Covid+". Mal de gorge, tête prête à exploser, fièvre et fatigue prononcée : les symptômes sont bien ceux d’une grippe carabinée.

Mais au fait, quel est le protocole appliqué au covidé? À peu près aucun. Si je m’en tiens aux textes en vigueur, rien ne m’empêche d’aller travailler masque (ou pas) sur le nez, au risque contaminer ceux qui m’entourent au bureau, lors de réunions publiques ou de dîners. Je n’en ferai évidemment rien. En mode télétravail, Doliprane et tisanes XXL à portée de main, j’attendrai d’être sûr de ne plus être contagieux avant de reprendre une activité sociale. Drôle de pays tout de même que le nôtre.

Après avoir confiné à tout-va, surveillé les chiffres quotidiennement et martelé du soir au matin à coups de conférences de presse quotidiennes la nécessité de respecter les gestes barrières, il laisse désormais filer le virus. Dans les entreprises, les écoles, au sein des compagnies aériennes contraintes d’annuler des centaines de vols, la Covid galope. Ce n’est manifestement plus un problème.

Mardi
Les vérités troublantes d’Agnès Buzyn. Trois ans et demi après avoir quitté le gouvernement, Agnès Buzyn publie un livre dans lequel elle assène ses vérités. "Renoncer au ministère de la Santé a été la pire erreur de ma vie", reconnaît celle qui avait abandonné son poste en pleine pandémie pour se lancer dans la bataille (perdue d’avance) des municipales à Paris. "Et là, raconte-t-elle, non seulement je suis sur la touche, mais je découvre la politique politicienne, la 'tambouille électorale' à laquelle je suis totalement étrangère".

Oie blanche de la société civile au milieu des crocodiles du gouvernement, Agnès Buzyn n’aurait donc rien perçu des bassesses du jeu politique en trois ans au ministère... Plus étonnant encore, son récit du début de la crise Covid. "Je suis la seule à avoir vu le tsunami arriver", assure Agnès Buzyn qui explique avoir été poussée vers la sortie en raison de sa clairvoyance. Troublante vérité d’une ex-ministre accusée à l’époque d’avoir, au contraire, minimisé la gravité de la situation.
* Journal, d’Agnès Buzyn, 496 pages, Flammarion, 23 euros.

Mercredi
Passion taxes. En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des impôts. Et quand on n’a plus d’impôts, on se rattrape sur les taxes. À l’heure de présenter son budget, le gouvernement cherche toutes les solutions pour faire rentrer de l’argent tout en respectant la promesse d’Emmanuel Macron de ne pas alourdir la pression fiscale. Dernière idée de génie: ponctionner les sociétés d’autoroutes (elles-mêmes déjà taxées à 40 % par l’État) et les grands aéroports.

Les intéressés préviennent: ces nouvelles contraintes financières auront des répercussions sur leurs tarifs, donc sur les usagers. Les Français, qui subissent la flambée de la taxe foncière (+ 7,1 %) et de la taxe sur les ordures ménagères (+10 %) devront passer à la caisse au péage et à l’embarquement. Mais qu’on n’aille surtout pas leur dire qu’il s’agit là d’un nouvel impôt !

Jeudi
Mélenchon en tête de gondole. Mais que lui arrive-t-il ? D’ordinaire tonitruant, mâchoire crispée et regard noir, Jean-Luc Mélenchon apparaît souriant et agréable sur les plateaux de télévision, ne cherchant plus la controverse et fuyant les polémiques. Rien d’inquiétant. Le fondateur de la France Insoumise est simplement en tournée de promotion de son dernier livre "Faites mieux! Vers la révolution citoyenne", dont il fait la réclame en mode téléachat sur les réseaux sociaux. Le Pierre Bellemare de la gauche en profite pour faire l’article pour la Nupes, se défendant de vouloir casser ce jouet abîmé par ses turbulents enfants Insoumis. Confirmant qu’il "prévoit d’être remplacé", il fait tout de même savoir qu’il serait candidat en cas d’élection présidentielle anticipée. En pleine opération promo, Mélenchon s’imagine toujours en tête de gondole.
*Robert Laffont, 352 pages, 20 euros

Vendredi
Silence coupable. La timidité des réactions internationales est inversement proportionnelle à l’ampleur de la tragédie qui frappe les Arméniens du Haut-Karabakh. Dix jours après l’offensive de l’Azerbaïdjan, 85.000 des 120.000 habitants de cette enclave chrétienne ont dû fuir la terre de leurs ancêtres dans des conditions dantesques. Le président azéri Aliev avait prévenu les futurs réfugiés. "S’ils ne partent pas, nous les chasserons comme des chiens!". C’est un homme de parole.

Exode massif, épuration ethnique, crimes de guerre: tous les ingrédients d’un drame absolu sont réunis, mais le monde entier regarde ailleurs. L’Union européenne, scandaleusement indulgente à l’égard de l’Azerbaïdjan, "partenaire fiable" qui a prévu de doubler ses exportations de gaz, doit se réveiller. Et la France, membre du Conseil de sécurité de l’ONU, doit taper du poing sur la table. L’enjeu est à la fois moral, humanitaire et politique.

Samedi
La deuxième mort de Johnny. Oh Marie, si tu savais! Figure-toi que le nouveau curé de la Madeleine, l’église où ont été célébrées les obsèques de Johnny, a décidé de mettre fin aux messes organisées en mémoire du Taulier. Une fois par mois, bikers à blousons à franges et grosses bagouzes, fans inconsolables et groupies enamourées venaient s’y recueillir sous l’air de "Toute la musique que j’aime".

Toujours aussi fidèles, ces drôles de paroissiens commençaient à avoir le blues. Depuis que le prêtre avait fait retirer la photo géante du boss des marches de l’autel, il y a quelques mois, ils priaient pour que la messe 100% Johnny perdure à la Madeleine. Mais le miracle n’a pas eu lieu.