Monaco
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"Les premiers sont arrivés vers 20 h 30": Saint-Sauveur a fait nuit blanche pour l’ultra trail

Sous un frais manteau automnal (pas plus de 10°C aux premiers rayons du jour), l’encore somnolente Tinée est indifférente aux fracas des pas qui s’enchaînent, à foulées régulières, non loin de ses rives rocailleuses. Peu avant 8 heures, ce samedi, la nature est devenue théâtre d’un spectacle parfois empreint de souffrance. Un sentier emprunté par d’insondables doutes ou d’intimes certitudes…

À Saint-Sauveur-sur-Tinée, village de 350 âmes encaissé au cœur de la vallée et choisi comme point de ravitaillement officiel du 2e Nice Côte d’Azur by UTMB, les coureurs viennent puiser l’énergie nécessaire pour soulager les corps; effacer les stigmates d’un trail brisant bien des carcasses. Ici, une trentaine de bénévoles s’est déjà relayée toute la nuit pour assister la première "vague" des concurrents. Engagés sur le 100-miles (165km et 8.400m de dénivelé positif) depuis la veille à midi. Des trailers de l’extrême, à la résilience éprouvée, mais au mental parfois effrité.

"Ça arrache le cœur"

"Les premiers sont arrivés vers 20h30, rembobine Max Melan, conseiller municipal, propulsé chef d’orchestre d’un ensemble sans fausse note. Ils ont pu récupérer leurs sacs, se changer, voire dormir et/ou se faire masser avant de repartir, de nuit. Le dernier, lui s’est présenté à 5h25. Mais entre les deux, ça n’a pas arrêté et on a fonctionné non-stop, sans discontinuer…"

L’homme, voix de stentor et posture du chef de gare, est habitué à tout gérer, à anticiper (il est superviseur au PC circulation de Monaco), mais s’accommode mal, en revanche, de la détresse humaine: "Voir des personnes au bord de l’épuisement, ne plus pouvoir continuer, jusqu’à être contraints à l’abandon, ça arrache le cœur. Vraiment!".

Après cette première salve, la deuxième qui déboule en début de matinée est plus fringante. Ceux-là n’ont entamé leur défi (en l’occurrence le 100 K, couru sur 115km) que depuis à peine deux heures. Leur point de départ, Roubion n’est pas si loin… "Pour l’instant, les jambes répondent bien. Le soleil commence à réchauffer, alors ça annonce une belle journée", témoigne Anthony, venu tout spécialement de Cambrai (Nord) pour "tester (ses) capacités à (se) surpasser. C’est la première fois que je viens, et jusqu’à présent, ce n’est que du bonheur. Mais ce n’est aussi que le début…"

"Notre petit bonheur"

Au four et au moulin, le maire, lui, profite d’un instant de répit pour passer un coup de balai. Dans cette salle des fêtes aux allures de PC de crise. Jean Merra, lui aussi, a passé une nuit blanche. Mais le jeu, à ses yeux (gonflés), en valait la chandelle: "On est des gens simples, ici, mais naturellement solidaires. On donne, sans rien attendre en retour. Avoir l’occasion simplement de se retrouver, de partager ensemble un bon moment grâce à une manifestation comme celle-là, suffit à notre petit bonheur. Ça s’était d’ailleurs tellement bien passé l’an dernier, que tous les bénévoles sont revenus. D’autres nous ont même rejoints…"

L’élu est d’autant plus enthousiaste qu’il se dit convaincu que l’évènement, même sans réelles retombées économiques directes, reste porteur. "L’été, certains viennent ici en reconnaissance. Ce sont des nuitées supplémentaires et plus de monde dans les restaurants, plus d’argent dépensé à l’épicerie du coin, etc. Même si on ne s’en rend pas bien compte, je pense qu’en amont, on tire un vrai bénéfice de cet ultra-trail …"

Le maire répète combien il est fier de ses administrés. De ses "Blavets" (surnoms donnés aux Sansavornins), de l’engagement sans faille dont ils ont témoigné. Engagement, un mot que ce fils de légionnaire connaît parfaitement toute la portée…