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"Matignon m'a indiqué que je serai démis de mes fonctions au prochain conseil des ministres": le président du Conseil d'Orientation des retraites prend la porte

Le gouvernement a décidé de remplacer le président du Conseil d'orientation des retraites (COR) Pierre-Louis Bras, dont il avait critiqué les rapports pendant la très contestée réforme des retraites, une décision interprétée par les syndicats comme une sanction.

"Matignon m'a indiqué que je serai démis de mes fonctions au prochain conseil des ministres", a indiqué mercredi à l'AFP Pierre-Louis Bras, confirmant une information du Monde. Pendant le débat sur la réforme des réformes au printemps dernier, l'exécutif et la majorité avaient critiqué le COR et son président, accusés de relativiser l'ampleur des déficits à venir.

Cela fait "neuf ans que Pierre-Louis Bras (était) à la tête du COR", a commenté Matignon. "Ce n'est pas une sanction" mais "un timing cohérent". "La réforme des retraites est passée, le nouveau rapport annuel a été publié en juin 2023, et plusieurs personnalités qualifiées doivent être renommées", a-t-on ajouté auprès de l'AFP.

Il s'était attiré les foudres du gouvernement en janvier dernier 

Le COR qui regroupe 41 membres --parlementaires, représentants du patronat et des syndicats, membres des grandes administrations et experts-- est une instance d'expertise et de concertation, rattachée à Matignon mais qui travaille de façon indépendante. Son président est nommé en conseil des ministres.

Lors d'une audition à l'Assemblée en janvier 2023, Pierre-Louis Bras s'était attiré les foudres du gouvernement et de la majorité qui préparaient la réforme des retraites, en déclarant: "les dépenses de retraites ne dérapent pas".

"Il y a beaucoup d'hypothèses dans le rapport du COR" et "cela peut nuire à la lisibilité de ses conclusions", avait réagi la Première ministre Elisabeth Borne. La réforme --et notamment le report de l'âge de départ en retraite, peu apprécié des Français-- a pour objectif de redresser les finances du régime.

Les syndicats très critiques après cette mise à l'écart 


En juin, après de nouvelles prévisions post-réforme, le COR avait cette fois-ci été accusé "d'exagérer" les futurs déficits. Pour plusieurs syndicats, la sanction ne fait aucun doute, malgré les dénégations de l'exécutif. "Son seul défaut, ça a été d’être indépendant et d'avoir tenu sur les faits et les chiffres pendant la réforme des retraites", selon la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet. "Je pense que c'est cela qui a déplu au gouvernement".

"Le président du COR paie ses interventions et commentaires lors de la mise en œuvre de la réforme des retraites", a renchéri Michel Beaugas, secrétaire confédéral FO chargé de l'emploi et membre du COR. L'Unsa et la CFDT ont salué le travail de Pierre-Louis Bras et demandé que son successeur poursuive sur la même lancée.

Son seul défaut, ça a été d’être indépendant et d'avoir tenu sur les faits

"Le débat" sur la réforme des retraites "n'a pas donné lieu à beaucoup de pédagogie", mais le COR de son côté a "fait référence en la matière", a salué Yvan Ricordeau, secrétaire national CFDT. Le COR est une devenu "une instance incontournable qui doit perdurer", estime l'Unsa, qui "restera particulièrement vigilante pour que le COR reste un acteur autonome et indépendant".

Pierre-Louis Bras, inspecteur général des affaires sociales, avait été nommé président du Conseil d'orientation des retraites (COR) par le Conseil des ministres le 14 janvier 2015. Diplômé d'HEC, licencié en droit, titulaire d'un diplôme d'études approfondies (DEA) en économie et ancien élève de l'ENA, il succédait à Raphaël Hadas-Lebel, qui occupait ce poste depuis 2006. M. Bras avait notamment fait partie du cabinet de Martine Aubry à la fin des années 1990, lorsqu'elle était ministre de l'Emploi et de la Solidarité.