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"On craint qu’ils reviennent": après une tentative de squat chez leur voisin absent, des habitants montent la garde à Saint-Laurent-du-Var

Voilà à peine trois minutes qu’on discute au portail de la villa que le téléphone de Jocelyne Raibaud sonne. "Allo? Oui, non. C’est le journaliste de Nice-Matin, c’est bon."

C’est la voisine de derrière, on entend sa voix d’ici. Elle voulait savoir qui venait rôder près de cette maison cossue du boulevard Louis-Roux, à Saint-Laurent-du-Var, autour de laquelle s’est créé un élan de solidarité, mais aussi un climat de panique et de suspicion, depuis qu’elle a été squattée, mardi 26 septembre.

Deux femmes et sept enfants

Dans ce quartier résidentiel, les habitants connaissent bien cette villa, "qui a toujours appartenu à la même famille depuis des générations". Le propriétaire, qui habite le premier étage et avait autrefois mis le rez-de-chaussée à louer, est en ce moment à Paris.

C’est pour ça qu’en voyant des inconnus dans le jardin, un voisin alerte Jocelyne, amie du propriétaire à qui il a confié des doubles de clés. "Il y avait deux femmes et sept enfants, rapporte-t-elle. Ils nous ont dit que ça faisait trois jours qu’ils étaient là, ce qui était faux, et qu’ils avaient le droit de s’installer. On a appelé la police."

Les élus sont aussi sur le coup, dont le maire, Joseph Segura, et le député, Bryan Masson. Prévenu, le propriétaire – que nous avons tenté de joindre sans succès – a porté plainte, ce qui a permis de lancer la procédure d’expulsion, qui relève des services de l’État.

Fuite après la mise en demeure, vendredi

Pendant ce temps, la tension monte dans le quartier. Les riverains disent essuyer des insultes. "Tout le voisinage était inquiet, raconte Marine, une autre voisine. On était nargués, on se faisait traiter de sorcières."

Vendredi, un avis de la préfecture est placardé sur le portail. Les intrus sont "mis en demeure de libérer le logement qu’ils occupent sans droit ni titre, dans le délai de 48 heures." Sans quoi, "il sera procédé à l’évacuation avec le concours de la force publique".

Les squatteurs déguerpissent dans la foulée. Depuis, les voisins montent la garde, sont venus inspecter les lieux: un peu de nourriture en vrac ici et là, quelques serrures cassées, l’eau avait été rétablie.

"On a peur que d’autres s’installent"

Mais tout le monde reste sur ses gardes. Les voisins surveillent, s’envoient des infos, des vidéos sur un fil Whatsapp. Et la peur a gagné le quartier. "Ils avaient amené des meubles et ils n’ont rien repris, développe Marine. Ils ont aussi laissé des vêtements pour enfants. On craint qu’ils ne reviennent."

"On a toujours très peur, poursuit-elle. Ce [samedi] matin, un monsieur est venu en voiture et criait que c’était chez lui ici. On est tous paniqués. Ils nous menaçaient qu’une famille de Marseille allait venir. Et d’autres maisons sont vides. On a peur que d’autres s’installent en plus et s’emparent du quartier."

Ce samedi, Jocelyne comptait monter la garde toute la journée et s’installer sur le balcon. Le soir, une société de sécurité privée, payée par le propriétaire, est censée venir.

Le maire: "un véritable scandale"

Le maire s’est rendu sur place vendredi, pour rassurer les habitants. "A priori, cette famille était connue des services de police pour avoir squatté dans plusieurs communes. Il y a des femmes, mais aussi des hommes qui les amènent, c’est probablement une filière de personnes."

"Depuis, il y a un sentiment d’insécurité dans le quartier, reconnaît Joseph Segura. On a mis notre police toute la nuit (de vendredi à samedi), mais je ne peux pas la mobiliser en permanence. On a dit au propriétaire de faire le nécessaire."

Le maire se dit impuissant face au phénomène des squats. "C’est un véritable scandale: des gens viennent chez vous et il faut engager une procédure. Il faut plus donner plus de pouvoirs aux maires pour procéder aux expulsions". Pourtant, il reconnaît que cette situation est une première sur sa commune. Par ailleurs, cette procédure, liée à la loi Dalo, a déjà été revue, et accélérée, en 2020.