Monaco
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

"On ne fait pas rire avec le bonheur": Anne Roumanoff de passage chez nous avec un nouveau spectacle

En fin de rodage pour son nouveau spectacle intitulé "L’Expérience de la vie", Anne Roumanoff arpente la région. Elle passera par Ramatuelle ce samedi soir, Cannes ce dimanche, avant Toulon, Sanary et Vidauban. Avec ses 37 ans de carrière, l’humoriste prend toujours autant de plaisir à disséquer les maux de notre société sur scène. Elle se confie.

Votre rodage touche à sa fin, mais vous venez faire une ‘‘petite’’ salle à Ramatuelle. Pourquoi?

Je connais très bien Véronique Barbe [présidente des Arts du rire, association qui gère le théâtre Le Lézard à Cogolin, ndlr], j’ai joué au Lézard il y a deux trois ans pour roder mon spectacle et, quand j’étais à Ramatuelle cet été, elle m’a proposé de venir. Je trouvais ça sympa.

Le rodage d’un nouveau spectacle, est-ce toujours particulier?

Le spectacle est déjà bien rodé. Même si je peaufine encore des petites choses, il est terminé à plus de 80% on va dire. J’ai commencé à écrire en janvier, j’ai dû faire les premières dates en avril avec plus d’une dizaine de représentations, j’ai joué devant plus de 800 personnes à Tahiti. C’est d’ailleurs plus facile d’évoluer devant de grandes salles... Mais les petites salles c’est bien, c’est comme faire ses gammes pour un pianiste. On retourne à la base.

Que retrouve-t-on dans ‘‘L’expérience de la vie’’?

Je parle de notre époque. J’évoque des sujets comme le développement personnel, l’inflation, les évolutions de langage, les nouveaux comportements au travail… Les thèmes sont assez larges. J’ai toujours un regard curieux sur les mutations de la société, je trouve ça passionnant. Après, rendre cela drôle c’est autre chose. On ne fait pas rire avec le bonheur mais avec les problèmes. Et là, comme il y en a beaucoup en ce moment, ce n’est pas difficile de trouver des choses drôles.

Vous campez plusieurs personnages. Est-ce aussi là-dedans que réside votre plaisir?

J’aime beaucoup passer d’un personnage à l’autre et ne pas être enfermée dans un seul. Là, on va retrouver une fille du midi qui essaie toutes les méthodes de développement personnel. Je ne savais d’ailleurs pas si cela allait plaire, mais les gens sont explosés de rire. Ensuite, je fais une coach américaine qui explique aux couples comment continuer à vibrer. J’ai aussi une fille qui est conseillère pour réécrire les contes pour enfants avec les nouveaux codes de la société. On trouve aussi une bouchère dont la fille est ‘‘woke’’ et le mari réac’…

Vous comptez 36 ans de carrière. Quand vous regardez en arrière, que vous dites-vous?

Je suis épatée que ça fasse si longtemps en fait. (rires) J’ai toujours autant de plaisir et peut-être même plus aujourd’hui, notamment par rapport à tous les doutes que j’ai pu avoir. Finalement, ça va! Je me sens à ma place désormais. Pendant un peu trop longtemps, s’est posée la question de la légitimité, mais faut se calmer avec ça au bout de 35 ans... Après, c’est un travail sur soi, d’être bien dans sa peau, j’évoque aussi cela dans ce spectacle.

La place des femmes dans l’humour a évolué depuis vos débuts…

Au départ, c’était très compliqué. Dans les festivals d’humour il y avait une femme… Ce que j’appelais ‘‘la femme de service’’, avec des réflexions du genre ‘‘ma petite dame’’. Alors je veux bien ne faire qu’1m60 mais je ne pense pas qu’on dise la même chose à un homme. Il y a un moment où être une femme a peut-être été un atout, mais au départ c’était compliqué. Nous étions peu nombreuses. Il y avait Sylvie Jolie, Zouc… Puis Muriel Robin est arrivée, elle a été la première grande humoriste avec un succès égal à un homme.

Vous portez un projet de film depuis un certain temps. Où en êtes-vous?

C’est un peu en stand-by. À un moment on n’avait pas de distributeur, maintenant on en a un, mais on n’a plus de chaîne TV. Je ne lâche pas l’affaire car je suis teigneuse. Je pense avoir des choses à dire, être capable de diriger une équipe et de réaliser un film. Pour le coup, je pense que si j’étais un homme, avec un projet aussi bien ficelé, mon film serait déjà sorti en salles. Alors pour la scène c’est peut-être mieux aujourd’hui pour les femmes mais, pour les postes à responsabilité… Entre le moment où j’ai eu l’idée de faire une émission d’humour à la radio et le moment où on m’a laissé faire, il s’est écoulé dix ans… Il y a toujours un plafond de verre.

> Ce soir à Ramatuelle, espace Albert-Raphaël.
> Dimanche 1er octobre à Cannes, théâtre Croisette.
> Le 4 octobre à Toulon, théâtre Le Colbert.
> Le 12 novembre à Sanary, théâtre Galli.
> Le 24 novembre à Vidauban, salle polyculturelle.