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Douleur dans la zone pubienne durant le sport : et si c'était une pubalgie ?

Chaque semaine, le Dr Jean-Marc Sène, médecin du sport, présente sa chronique sport dans Priorité Santé. Cette semaine, il nous dit tout sur la pubalgie, diagnostic que l’on évoque souvent lorsqu’une personne sportive se plaint de douleur dans la région pubienne.

Qu'est-ce que la pubalgie ?

La pubalgie est une douleur d’apparition progressive dont le siège est le bas-ventre, le pubis, voire les adducteurs. En effet, dans la maladie pubienne (autre nom de la pubalgie) il y a une inflammation de la symphyse pubienne, qui est une articulation pratiquement immobile en avant du bassin en regard de la vessie. On la retrouve fréquemment chez les footballeurs.

Les cliniciens distinguent généralement sous le terme pubalgie, trois formes cliniques corrélées aux lésions anatomiques :

  • lésions musculaires des muscles abdominaux et/ou adducteurs ;
  • faiblesse de la paroi abdominale avec une atteinte du canal inguinal ;
  • ostéo-arthropathie pubienne, correspondant à une atteinte osseuse et articulaire de la symphyse pubienne et de ses annexes

Les douleurs associées à la pubalgie sont évolutives. Elles débutent par une gêne occasionnelle lors de la pratique sportive. Elles s’intensifient et se chronicisent ensuite. Les douleurs deviennent uni ou bilatérales et persistantes, irradiant au niveau du bas-ventre et de la zone inguinale (aine), voire jusqu’aux adducteurs.

Comment expliquer ce syndrome douloureux ?

La pubalgie se manifeste généralement dans le cadre d’une activité sportive intensive, source de microtraumatismes répétés au niveau du carrefour abdomino-inguino-pubien. Sa physiopathogénie précise ne fait pas encore l’objet de consensus clairs, mais la plupart des spécialistes considèrent que la présence d’un déséquilibre musculaire entre la sangle abdominale et les muscles adducteurs est la cause d’apparition majeure de la pathologie.

Le principal facteur prédisposant à l’apparition de la pubalgie est une instabilité du bassin lors de la pratique sportive, liée notamment à une mauvaise coordination musculaire. Cela est induit par la présence de déséquilibres anatomiques et biomécaniques que l’on retrouve essentiellement chez des personnes pouvant présenter :

  • une antéversion du bassin ;
  • une asymétrie de taille des membres inférieurs ;
  • une lordose lombaire ;
  • une musculature forte et raccourcie des adducteurs, associée à un développement moindre des abdominaux.  

La pubalgie touche principalement les sportifs (amateurs ou professionnels) de sexe masculin soumis à une activité physique intensive, caractérisée par des gestes techniques et des mouvements impliquant des contraintes asymétriques fortes.

Il existe par ailleurs un certain nombre de facteurs favorisant l’apparition de la pathologie lors de la pratique sportive comme :

  • l’utilisation d’un matériel inadapté ou un changement brutal d’équipement (chaussures, terrain…) ;
  • un état de surentraînement : dès qu’il y a de la fatigue, il y a une prise de risque de blessure pour le sportif. La récupération fait partie intégrante de l’entraînement ;
  • une hygiène de vie inadéquate dans le cadre d’une pratique sportive intense et quotidienne (sommeil, alimentation, hydratation insuffisants) ;
  • la présence de foyer infectieux type abcès dentaires peut contribuer également à un déséquilibre du rachis.

Comment savoir si on a une pubalgie ?

La pubalgie présente un tableau clinique complexe avec une symptomatologie variant selon les patients et les pratiques sportives.

Les douleurs sont décrites en région inguino-pubienne de manière uni ou bilatérale, mais elles peuvent également irradier jusqu’aux adducteurs, voire au niveau de la paroi abdominale et des organes génitaux.

Lors de son examen, le praticien tient compte des symptômes du patient, l'examinera soigneusement, en étudiant d’éventuels facteurs prédisposants : posture, déséquilibre musculaire, lordose lombaire, asymétrie de longueur des jambes, bascule du bassin…

Selon la forme clinique suspectée, des examens complémentaires d’imagerie peuvent s’avérer nécessaires s dans le diagnostic de la pubalgie :

  • radiographie du bassin de face ;
  • IRM du bassin ;
  • échographie.

Comment guérir d’une pubalgie ?

Le traitement de la pubalgie doit associer la diminution de l’activité physique, voire un repos complet et la mise en place d’un programme de rééducation progressif. Sa durée globale varie de 2 à 6 mois en fonction de la forme clinique et de son niveau de sévérité.

La rééducation pourra inclure du renforcement musculaire, des étirements, de la kinésithérapie ou encore de l’ostéopathie. Elle doit permettre au patient de retrouver un équilibre musculaire pour obtenir une stabilisation optimale du bassin lors de sa pratique sportive.

Après l’accomplissement de cette phase de rééducation et à condition de ne ressentir plus aucune douleur, le patient pourra reprendre progressivement sa pratique sportive.

Selon la présentation clinique du patient, certains médecins préconisent un traitement médical visant à réduire la douleur via l’utilisation d’anti-inflammatoires, de décontracturants musculaires ou encore de la mésothérapie. Des infiltrations d’anesthésiques locaux et de corticoïdes sont plus marginales et employées en cas de symptômes sévères et persistants.

En cas d’échec du traitement conservatif ou dans les cas sévères, une intervention chirurgicale est parfois envisagée, et ce notamment en cas de pathologie au niveau de la paroi abdominale.  Différentes interventions peuvent être proposées.