Tunisia
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Mohamed Jouili : «L’émigration est devenue une obsession pour les Tunisiens»

Mohamed Jouili : «L’émigration est devenue une obsession pour les Tunisiens»

Mohamed Jouili, professeur de sociologie, a expliqué, dimanche 2 octobre 2022, dans l’émission «Jaweb Hamza» sur Mosaïque FM, que le Tunisien se préoccupe désormais davantage de lui-même. Les pressions qu’il vit lui causent du stress et de la fatigue, ce qui entraîne chez lui de la haine et de la rancune, a-t-il expliqué, et d’ajouter : «Les émotions ont changé le discours idéologique jadis dominant. Le temps du discours intellectuel est révolu et c’est le discours émotionnel qui l’a remplacé.»

«Les problèmes sociaux ont été individualisés et c’est ce qui pousse les gens à se tourner vers la thèse du salut individuel au détriment de celui collectif», a expliqué le sociologue. Et d’ajouter : «Il y a une fatigue généralisée aujourd’hui en Tunisie, une concurrence dans tous les domaines, un retour sur soi, qui détermine notre façon d’agir au quotidien… C’est ce qu’a apporté la société de consommation… et nous sommes entrés dans la phase du narcissisme des petites différences.»

«Le sentiment de haine s’est généralisé dans notre société tunisienne où la distance entre le problème et le meurtre s’est rétrécie en raison de la perte des garde-fou culturels et sociaux qui empêchent le passage à l’acte», a encore déclaré Mohamed Jouili, qui a cherché à expliquer la généralisation de la tentation migratoire devenue dominante dans tous les segments de la société tunisienne. «La migration irrégulière, qui est un signe d’échec, est maintenant devenue un signe de réussite et même de supériorité», a déploré le chercheur, en soulignant que le taux élevé de pessimisme parmi la population reflète la déception à l’égard des institutions étatiques, ce qui conduit aussi à penser à l’émigration irrégulière et aux comportements à risque.

«Aujourd’hui, tout le monde veut émigrer», a constaté Mohamed Jouili, qui parle même de l’émigration comme une «obsession» des Tunisiens.

I. B.