Tunisia
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Tunisie – Les entreprises politiquement connectées abusent des réglementations

Le manque de dynamisme des entreprises associé à un accès limité aux marchés et le copinage, entravent la croissance des entreprises et la création d’emplois, selon un rapport de la Banque Mondiale paru récemment et relatif à l’emploi en Tunisie.

Le paysage de l’emploi en Tunisie est dominé, d’après le rapport par le manque de concurrence et par le copinage. Au fait, après leur entrée sur le marché, la majorité des entreprises enregistrées ne se développent plus, c’est-à-dire qu’elles n’emploient plus de travailleurs, même à long terme. Par exemple, moins de 4% (seulement 2%) de toutes les entreprises comptant de 10 à 49 employés en 1996 employaient de 50 à 99 (plus de 100) travailleurs en 2010.

Concurrence biaisée

Les matrices de transition basées sur le cycle d’enquêtes auprès des entreprises de 2020 confirment cette tendance. En 2016-2020, pratiquement toutes les moyennes et grandes entreprises n’ont pas connu de croissance, tandis que 1,2% des petites entreprises ont réussi à se transformer en grandes entreprises. Au cours de la même période, aucune petite entreprise en Égypte, en Jordanie, au Liban, à Malte, au Maroc ou en Cisjordanie et à Gaza n’est devenue une grande entreprise selon la Banque mondiale.

D’après le rapport, la concurrence limitée sur les marchés des produits pourrait être l’un des principaux responsables de la croissance limitée des entreprises et de l’emploi.

Les taux d’entrée et de sortie élevés observés n’indiquent pas nécessairement un dynamisme du marché, en particulier dans le cas où les taux d’entrée et de sortie sont principalement motivés par ce qui arrive aux petites entreprises, comme observé en Tunisie, et une grande partie du marché est occupée par des entreprises en place, indique le rapport ajoutant que la réglementation des marchés de produits, en particulier, affecte les coûts que les entreprises doivent supporter lorsqu’elles entrent sur le marché et le degré de concurrence entre les opérateurs en place.

Un récent effort de collecte et d’analyse de données dans les pays de la région fait par la Banque mondiale en 2021 a examiné un certain nombre d’indicateurs qui révèlent les distorsions induites par la présence de l’État sur les marchés de produits, y compris la portée et la gouvernance des entreprises publiques, les marchés publics, l’implication du gouvernement dans les opérations commerciales (contrôles des prix, réglementations d’ordre et de contrôle), et la simplification et l’évaluation des réglementations relatives à la concurrence.

Domination du copinage et des connexions politiques

Dans le cas de la Tunisie, les entreprises publiques ont une présence significative, avec au moins une entreprise publique dans 40 des 44 secteurs et sous-secteurs pour un total de 195, même dans les secteurs où la justification économique de la présence n’est pas claire. En outre, les lacunes juridiques et réglementaires ne garantissent pas la neutralité en matière de concurrence, qui est essentielle pour uniformiser les règles du jeu entre les entreprises publiques et leurs homologues du secteur privé, note-t-on.

Par exemple, les entreprises publiques des secteurs commerciaux bénéficient d’un soutien non disponible pour les concurrents privés et d’un financement garanti par l’État, et les entreprises publiques commerciales et non commerciales sont protégées de la concurrence par la réglementation, comme les limites sur les investissements directs étrangers et le contrôle des prix.

En outre, le copinage et les relations politiques restent un trait distinctif du paysage du secteur privé tunisien, affirme la Banque mondiale. Au fait, les données dévoilent qu’environ 28% des entreprises formelles déclarent avoir un lien politique en Tunisie, un chiffre considérablement plus élevé que la moyenne dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord ainsi que dans les pays à revenu intermédiaire.

Outre la présence de nombreuses entreprises d’État dans de nombreux secteurs, les relations politiques peuvent saper la concurrence du marché et la concurrence loyale de plusieurs manières en ce qui concerne les entreprises privées dépourvues de tels réseaux. Par exemple, les entreprises politiquement connectées peuvent bénéficier d’un accès plus facile au crédit, peuvent accéder à des secteurs avec des barrières à l’entrée ou où l’existence de privilèges peut dissuader les entreprises non connectées d’entrer, et peuvent souvent créer des emplois en échange de privilèges économiques qu’elles reçoivent des politiciens.

D’après l’institution de Bretton Wood’s, en Tunisie, les entreprises politiquement connectées ont abusé des réglementations d’entrée pour leur propre profit et sont plus susceptibles d’éviter les droits d’importation. Les entreprises politiquement connectées de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord sont plus susceptibles de faire partie d’une organisation commerciale et d’avoir accès à des financements externes que les entreprises d’autres régions, selon la Banque mondiale.

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