Burundi
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Au CNC, quels sont les péchés d’Iwacu ?

Accuser Iwacu est devenu une « tradition » du Conseil national de la communication, CNC. Si bien que cela n’étonne plus d’ailleurs grand monde. « C’est l’absence d’Iwacu dans les médias mis en garde par le CNC qui serait étonnant, pas l’inverse », ironisent les collègues.

Par Léandre Sikuyavuga
Directeur du groupe de presse Iwacu

Plusieurs médias, dont le professionnalisme n’est pas la première qualité, échappent pourtant à la vigilance du régulateur. Sur les réseaux sociaux, le fondateur d’Iwacu a même « félicité les médias qui n’ont pas été épinglés par le CNC, à l’instar de nos confrères de Rema par exemple. » Il a également « félicité le CNC pour cette analyse très objective du travail des médias burundais. » Bon, mon collègue est connu pour son humour noir…

Mais revenons sur les faits. Iwacu est donc de nouveau mis à l’index, avec quelques autres médias, dont Bonesha FM, Kazoza FM, RFI. Question : pourquoi ? Qu’est-ce qui nous est reproché ? Voilà justement le problème.

En effet, hier, aujourd’hui et sûrement demain, notre média n’est jamais informé de ses « péchés. » Nous ne sommes pas parfaits, certainement, mais pour une fois, nous voulons lire noir sur blanc les accusations du CNC.

Nous connaissons la loi sur la presse, sommes prêts à reconnaître des manquements éventuels, mais nous avons d’abord besoin de savoir les griefs du régulateur !

Nous sommes des professionnels et, depuis plus 15 ans, dans un contexte difficile, parfois même hostile, faisons notre métier en toute indépendance.

Oui, nous sommes un média indépendant. Ceux qui nous connaissent, ceux qui sont passés par Iwacu, savent qu’il n’y a aucune manipulation de l’information. Nous ne sommes à la solde d’aucun parti, d’aucune personnalité. Tout se fait dans la transparence, professionnellement.

A Iwacu, un journaliste a la liberté de proposer un sujet à la rédaction, s’il est pertinent, il peut l’explorer sans aucune contrainte. Moi-même, je ne peux rien « dicter ». Je peux conseiller, guider, mais la recherche de l‘information se fait en toute indépendance chez Iwacu.

On nous accuse de « kuvyonga » le gouvernement, terme en kirundi un peu à la mode que l’on traduirait par « gêner », « embarrasser ». Si mettre le doigt sur ce qui ne marche pas est « kuvyonga », mes collègues et moi nous endossons le qualificatif qui n’a rien d’infamant pour nous. Car nous sommes dans notre rôle. (Par ailleurs, nous diffusons ce qui marche bien, si c’est nécessaire, bien sûr).

Mais le CNC devrait se rassurer. Les « bons » médias, ceux qui caressent dans le sens du poil, les médias qui chantent les beautés du Burundi, ou qui « accompagnent l’action gouvernementale », il y en a beaucoup. C’est leur choix. Sans risque. Au contraire d’Iwacu qui tire le diable par la queue, certains vivent bien d’ailleurs. Tant mieux pour eux.

Nous avons pris la voie de faire de l’information au Burundi. Nous l’assumons. Nous avons déjà payé le prix fort cet engagement.

La déclaration du CNC est inquiétante. Comme par le passé, il s’avère que nous sommes dans le collimateur de cette institution qui devrait plutôt nous protéger.

A défaut de protection, nous voulons au moins la transparence et (re)demandons de prendre connaissance de nos « délits ».

Nous prenons l’engagement de rendre publiques les accusations qui nous seront communiquées et prenons les Burundais et le monde à témoin.

Au CNC, quels sont donc les péchés d’Iwacu ?