Burundi
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La ministre peine à convaincre les députés sur des questions récurrentes

Aux préoccupations du manque et des départs vers l’étranger des médecins, de la mauvaise qualité des services de santé, des mauvaises conditions d’hygiène et d’assainissement dans certains hôpitaux…, la ministre de la Santé, Dr Sylvie Nzeyimana n’a pas pu donner des réponses satisfaisantes lors des questions orales des députés. C’était le 19 septembre 2023, à l’Assemblée nationale.

Parmi les principales questions posées figure la question du manque criant de lits et de matelas pour des patients hospitalisés et des garde-malades même dans des grandes structures de santé comme l’Hôpital Roi Khaled, l’Hôpital Prince Régent Charles et la Clinique Prince Louis Rwagasore.

La commission des finances publiques des affaires économiques et de la planification est revenue sur la lenteur des services, le manque de médecins et la raison qui les poussent à partir pour prester à l’étranger ou dans le secteur privé, l’évasion des patients hospitalisés, les mauvaises conditions d’hygiène et d’assainissement dans certains hôpitaux et centres de santé, etc.

Sur le manque de lit et de matelas, la ministre Nzeyimana reconnaît que dans certains hôpitaux, il y a une insuffisance. « Le problème est lié à une forte fréquentation de ces structures », explique la ministre invitée à l’hémicycle de Kigobe.

Elle avance aussi le non-respect du circuit du malade qui prévoit un passage du patient à part le centre de santé, l’hôpital communal, l’hôpital de district et régional avant de se rendre à l’hôpital national.

« Nous constatons malheureusement que beaucoup de patients, consultent les hôpitaux nationaux même pour les pathologies qui devraient être traitées au premier ou au deuxième niveau, d’où l’insuffisance de lits et de matelas ».

La ministre Nzeyimana fait savoir néanmoins que les solutions sont en train d’être trouvées. Elle a confié que son ministère est à un bon niveau de construction et d’ouverture des hôpitaux communaux.

Selon la ministre Nzeyimana, il y a également des initiatives entreprises dans la construction des bâtiments mère-enfant au sein de la Clinique Prince Louis Rwagasore, de l’hôpital Régional de Gitega, celui du district de Gitega, l’hôpital de Kiremba et l’hôpital de Cibitoke.

Sur la question des mauvais services, elle indique que son ministère continue de donner des conseils à l’endroit des prestataires pour un bon accueil des patients.

Pourtant, elle soutient que cela est surtout dû à un nombre élevé des patients qui consultent dans les hôpitaux publics suite à la politique de la gratuité des soins ciblés (femmes enceintes, enfants de moins de 5 ans, femmes qui accouchent) et les pathologies subventionnées (paludisme, tuberculose, VIH), la prise en charge des indigents, l’utilisation des mutualités communautaires et les coûts des prestations bas.

Quant aux départs des médecins qui vont pour prester à l’étranger en grand nombre, la réponse de la ministre de la Santé est claire : « Le constat est là le ministère est en train de réfléchir sur la question ».

Interrogée sur les solutions envisagées, elle a indiqué qu’elle prévoit de proposer une réflexion profonde pour trouver des moyens de fidélisation des professionnels de santé.

La ministre Nzeyimana a reconnu comme les députés qu’ils s’observent des mauvaises conditions d’hygiène et d’assainissement dans certains hôpitaux et centres de santé.

Elle a expliqué néanmoins que pour relever ces défis, les formations sanitaires ont mis en place des comités d’hygiène. « Les contrôles des infections sont régulièrement organisés. » Pour elle, des efforts sont faits : « C’est un combat de tous les jours ».

Les départs des médecins au centre des préoccupations

Le député Sylvestre Ngendakumana ne comprend pas par exemple comment la ministre peut dire que son ministère réfléchit encore sur le départ des médecins burundais pour prester à l’étranger. « Je doute que la question soit en train d’être étudiée. La ministre devrait être plus claire avec des chiffres à l’appui ».

Son collègue, Jean-Claude Nimubona estime que la réponse du ministre sur la question n’est pas du tout rassurante. Il a confié que par exemple l’hôpital de Kiganda, ne reste qu’avec son médecin directeur alors qu’il avait 5 médecins généralistes.

Pour lui, donc, le phénomène est inquiétant. Il demandait au ministère de la Santé de revoir à la hausse le salaire des médecins aux cas où ils partiraient à cause de maigres salaires.

Léopold Hakizimana, n’a pas compris comment la ministre n’a pas de réponse à la question des médecins qui partent à l’étranger ou qui préfèrent prester dans le secteur privé alors que c’est une question qui ne date pas d’hier.

Les députés n’ont pas cru aux réponses de la ministre Sylvie Nzeyimana. Pascal Gikeke n’a pas mâché ses mots : « Difficile de savoir que ce sont des réponses de la ministre elle-même ».

En-tout-cas pour les députés qui ont réagi aux réponses écrites de la ministre, les réponses de la ministre de la Santé et de la lutte contre le Sida sont moins convaincantes et très superficielles.

Le président de l’Assemblée nationale a regretté qu’elle n’ait pas pu donner des réponses qui avaient même été posées antérieurement. « Toutes les questions abordées avaient été posées quand l’Assemblée nationale avait adopté la loi sur les pharmacies », a-t-il commenté.

D’après lui, cela montre que cette loi n’a pas été mise en application. Pour la prochaine occasion, les députés ont demandé à la ministre de venir avec des réponses claires. Celle-ci a demandé pardon tout en soulignant que les réponses écrites peuvent ne pas convaincre.