Burundi
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Le monopole n’est pas une solution

« Ils ne mourraient tous, mais tous étaient frappés. » L’impact de la pénurie du carburant sur la situation socio-économique de la population me fait pense à ce vers de Jean de La Fontaine dans « Les animaux malades de la peste. » Aucun secteur n’est à l’abri. Le spectacle des interminables files de voitures, de bus et de camions qui attendent depuis plusieurs heures, voire des jours, le précieux liquide est hallucinant.

Par Léandre Sikuyavuga

Dans de rares stations-service où il y a essence ou gasoil, ce sont des bousculades entre ceux qui ont des bidons dans les mains, les motocyclistes avec leurs réservoirs et les propriétaires des véhicules. « Les femmes qui n’ont pas de muscles à montrer préfèrent s’approvisionner au marché parallèle où un litre coûte entre dix mille et douze mille francs. Un prix quatre fois plus cher qu’à la pompe », explique un chauffeur de taxi . La spéculation sur le carburant est devenue une autre réalité. Sur le chapitre des malheurs, il y a aussi des accidents dans les ménages à cause des bidons de carburant stockés dans les habitations. Sans parler du transport qui est devenu un vrai parcours du combattant avec des prix revus à la hausse. La liste n’est pas exhaustive et le coup de grâce est déjà donné : certaines entreprises commencent à licencier leur personnel.

Sur un ton plus léger, saluons ceux qui, à la sortie des bureaux, mettent une tenue de sport pour rentrer à pied. La résilience à la burundaise.
Ce qui frappe aussi, c’est le silence ou le calme de nos officiels. Ils sont de marbre. Surtout que certains pétroliers donnent des informations à l’antipode de la réalité. Interrogé par les journalistes de la RTNB au sujet de pénurie du carburant, le directeur commercial de l’Interpetrol, qui a quasiment le monopole de la distribution, dit que la société approvisionne les stations-service au quotidien et dit ne pas comprendre ces longues files d’attente . « Interpetrol approvisionne chaque jour plus de 110 stations-service avec 350 mille litres d’essence à travers tout le pays depuis deux semaines. » A croire que l’essence s’évapore…

Et en l’absence de l’info, l’heure est à la désinformation, aux rumeurs sur les raisons de la pénurie au Burundi, de la durée qu’elle va prendre et des conséquences sur la vie du citoyen. Les Burundais savent bien que leur pays ne produit pas du pétrole. Ce dont ils ont besoin, c’est d’être informés. La population a besoin d’empathie, de solutions. Il y a toujours une solution pour chaque crise.

Il faudrait par exemple ouvrir la distribution du carburant à la concurrence. Certes, ce ne serait pas une panacée, mais le monopole dans le commerce n’est pas une solution. Plus il y aurait des importateurs de carburant, plus la chance d’en avoir augmenterait. La loi du marché. Une loi vieille comme le monde.