Cote d\'Ivoire
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Côte d’Ivoire-AIP/ La fabrication de l’engrais naturel, une alternative pour la préservation du Parc national de la Comoé

Bouna, 05 août 2022 (AIP)- Les populations de Kokpingué, Bania et Koflandé, villages riverains du Parc national de la Comoé dans le département de Bouna, ont été formés du 1er au 03 août 2022 à la fabrication d’engrais naturel pour la mise en œuvre de pratiques agricoles durables, une initiative devant contribuer à la non agression de cette aire protégée.

Cette formation, a démarré le 1er août avec l’étape de Kokpingué puis le 02 août à Bania et s’est s’achevée le 03 août à Koflandé. Elle s’inscrit dans le cadre du projet ’’BENKADI’’ financé par le ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas, avec l’appui technique de l’Agence nationale d’appui au développement rural (ANADER).

Faute de terres arables, des populations des villages riverains du Parc national de la Comoé, s’introduisent frauduleusement dans cette aire protégée à la recherche de terres, ou s’érigent en braconniers ou en orpailleurs afin de survivre.

Une thèse qui aujourd’hui n’a plus raison d’être car, grâce au projet BENKADI. Ces mêmes populations bénéficient désormais de compétences en matière de fabrication d’engrais, ce qui pourra suffisamment fertiliser les terres dans les villages et booster leurs récoltes et productions afin d’avoir des sources de revenus pour eux et leurs familles.

De l’engrais avec de matériaux recueillis dans l’environnement immédiat 

La formation a enregistré la présence du sous-préfet de Bouna, Yao Konan Jhonson, venu également encourager les populations à y accorder un intérêt particulier.

Après donc une phase d’explication sur la notion du genre, l’importance de la préservation du Parc national, et l’avantage d’user de l’engrais naturel, il a été question de phase pratique où les populations sous la direction d’une équipe de l’ANADER, dirigée par Gueye Kéhassa, ont participé à la réalisation du compost.

Séance de sensibilisation à la préservation du Parc national de la Comoé

Il s’agit de compost d’engrais organique (naturel) fabriqué à partir de déchets végétaux et animaux à savoir la déjection des animaux, les feuilles mortes, les pailles, les épluchures d’ignames ou de manioc, etc.

La fabrication de ce type d’engrais ne nécessite aucune somme d’argent, et les matériaux sont faciles d’accès car trouvés sur place. Un grand avantage pour les populations de ces villages, pour la plupart vulnérables et ne pouvant se procurer l’engrais chimique qui, lui, coûte excessivement cher.

A l’issue de la formation, l’agent ANADER, Gueye Kehassa, a rappelé aux communautés que l’engrais qu’ils viennent de fabriquer a les mêmes propriétés que l’engrais vendu sur les marchés.

Selon le chargé du projet BENKADI, Oscar Gaguy, qui a pris part à cette activité de terrain, au-delà de la sensibilisation à la protection de la forêt notamment le Parc national de la Comoé, il est impérieux de renforcer la résilience des populations de ces villages cibles du projet, pour leur permettre de produire en quantité et en qualité.

’’Cela doit  permettre aux communautés de ne pas rechercher d’autres terres dans le Parc pour faire des cultures. Avec ce minimum appris, ils peuvent produire beaucoup et commercialiser le surplus pour avoir des ressources et s’occuper de leurs familles’’ a-t-il indiqué.

Une expertise que les populations entendent répandre dans les autres villages à la périphérie du parc de la Comoé 

’’L’engrais chimique est vendu au moins à 20 000 FCFA à Bouna, sans y ajouter le transport aller-retour, cela est cher pour les villageois que nous sommes. Aujourd’hui avec les techniques apprises, nous allons dès le vendredi 05 août former les autres villages sur la fabrication de l’engrais naturel’’, a indiqué le président des jeunes de Kokpingué, Ouattara Yao.

visite de terrain du sous-préfet de Bouna, Yao Konan Jhonson

Pour le chef de village de Koflandé, Ouattara Bélignonou, avec l’agression du Parc de la Comoé, il ’n’y a plus de pluies. Selon lui, cette méthode de fabrication d’engrais doit être étendue aux autres villages riverains pour préserver le climat et permettre à l’agriculture de prospérer dans la zone, ce à quoi il va s’atteler dans les prochains jours.

’’Le Parc nous sauve de beaucoup de choses, si les champs ont de l’engrais et que tous le villages savent en fabriquer, cela va permettre aux populations de se détourner du parc et les pluies tant attendues viendront, ce qui sera bénéfique pour tout le monde’’, a-t-il souligné.

Vers le développement de l’activité maraîchère pour l’autonomisation des femmes vulnérables 

La technique de fabrication de l’engrais naturel se veut une véritable opportunité de développement de cultures vivrières en l’occurrence le maraîchage, dans lequel de nombreuses femmes démunies ont recours pour s’occuper de leurs familles.

’’Avec cette formation, nous les femmes de Bania, regroupées en coopératives, pourrons accroître nos productions et les commercialiser’’, indique Ouattara Attawa qui souligne que par le passé, faute d’engrais, elles éprouvaient d’énormes difficultés à produire les cultures telles que le maïs et le manioc.

Photo de famille à l’atelier sur la fabrication de l’engrais naturel

Des femmes en situation de handicap, comme Foua Alice du village de Koflandé, en voient un réel soulagement car cette formation ouverte à toutes les couches sociales, leur permet elles aussi, de bénéficier de cette technique pour améliorer leur production.

’’Je dis merci au projet BENKADI pour avoir aussi pensé à nous. Nous vivons de l’agriculture et si nous avons des connaissances qui nous aident à faciliter le travail en tant que personne vivant avec un handicap, pour améliorer nos récoltes, les vendre et avoir de l’argent pour scolariser nos enfants, cela est à saluer’’, a-t-elle déclaré.

Le projet BENKADI est un projet de plaidoyer qui entend mobiliser conjointement les membres des organisations ouest africaines autour de l’ambition de contribuer à une société civile forte, qui travaille à atténuer les effets du changement climatique sur les communautés vulnérables du Bénin, du Burkina Faso, du Mali et de la Côte d’Ivoire.

Le projet va durer cinq ans (2021-2025) et son objectif stratégique est d’améliorer la résilience des groupes vulnérables aux conséquences des changements climatiques, spécialement les femmes, les jeunes et les personnes en situation de handicap. Quinze régions en Côte d’Ivoire bénéficient de l’exécution de ce projet, souligne-t-on.

(AIP)

on/fmo

Par Natem Oulaï

Correspondant AIP à Bouna