Burkina Faso
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 DEPART ANNONCE DES MILITAIRES TRICOLORES DU NIGER  : Quel avenir pour les forces françaises en Afrique ?  


Redéployés au Niger après avoir été déclarés persona non grata au Mali et au Burkina Faso dans les conditions que l’on sait, les militaires français en mission au Sahel, sont en train de faire leur paquetage pour quitter le pays du président Mohamed Bazoum, déposé le 26 juillet dernier par un coup d’Etat militaire conduit par sa garde rapprochée. Un départ forcé sur fond de fortes tensions entre Paris et Niamey où la junte militaire du Général Abdouramane Tchiani n’est pas loin de marcher dans les pas de ses devancières du Mali et du Burkina Faso qui ont tour à tour exigé et obtenu le départ, respectivement en août 2022 et en février 2023, des soldats français, de leurs deux pays. Un retrait précipité qui voit se rétrécir comme peau de chagrin, l’influence de la présence militaire française sur le continent noir, et qui ne manque pas de poser la question de l’avenir des forces françaises en Afrique. Une question d’autant plus justifiée qu’en décembre 2022, la France procédait aussi au retrait de ses derniers militaires déployés en Centrafrique, suite au rapprochement des autorités de Bangui avec le groupe paramilitaire russe Wagner à la sulfureuse réputation.

L’avenir semble plutôt sombre pour les forces françaises basées en Afrique

Le tout, dans un contexte où au-delà de cette valse de soldats tricolores ballotés de pays en pays comme des pestiférés, l’on assiste à la montée en flèche du sentiment anti-français en Afrique. Et ce, en référence à la politique africaine de l’ancienne puissance coloniale qui est de plus en plus pointée du doigt sur le continent noir, quand Paris n’est pas accusée de pactiser avec l’ennemi, comme c’est le cas dans les pays du Sahel en lutte contre l’hydre terroriste depuis bientôt dix ans. Aujourd’hui, il ne fait pas de doute qu’au-delà de la guerre d’influence entre Paris et Moscou sur le continent noir, tout porte à croire que la France est victime de son paternalisme dans ce qui passait pour son pré-carré en Afrique. Et sa gestion de la crise nigérienne, n’est d’autant pas pour redorer son blason, que de nombreux Africains n’ont eu de cesse de voir sa main, derrière la position va-t-en-guerre et les dures sanctions de la CEDEAO contre le Niger. Quoi qu’il en soit, avec ce désamour de plus en plus affiché par les Africains envers Paris, l’avenir semble plutôt sombre pour les forces françaises basées en Afrique. De là à penser que leurs jours sont comptés sur le continent noir, il y a un pas qu’il faudrait cependant se garder de franchir car malgré ses déboires au Sahel, la France continue de garder des bases importantes en Afrique. Notamment au Tchad, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Gabon et à Djibouti. Gardera-t-elle aussi un pied au Bénin où il se susurre qu’elle envisage de redéployer une partie des troupes devant quitter le Niger? L’histoire sans doute le dira. En attendant, ce sont autant de déconvenues qui appellent à une véritable introspection de la part de la France, pour autant qu’elle ambitionne de rester au centre du jeu politique en Afrique.

La France n’a pas le choix que de changer son fusil d’épaule

Acceptera-t-elle de faire son examen de conscience ? Est-elle prête à se regarder véritablement dans la glace pour tirer les leçons de ses déboires à l’effet de travailler à regagner la confiance des Africains? Ou alors, continuera-t-elle de raidir la nuque en persistant dans une politique africaine qui a certes vécu, mais qui semble aujourd’hui montrer ses limites? Quoi qu’il en soit, l’obstination de Paris à vouloir rester au Sahel malgré le rejet manifeste des populations et des régimes en place, n’aura pas échappé aux observateurs. Ce qui amène à se demander si derrière le motif invoqué de la lutte contre le terrorisme au Sahel, ne se cachent pas des intérêts bien plus grands. En tout état de cause, dans son combat pour garder sa présence et son influence en Afrique, la France n’a pas le choix que de changer son fusil d’épaule. Déjà, elle semble avoir perdu le Sahel et bien malin qui saurait dire jusqu’où ira la contagion. En tous les cas, quand on voit combien le sentiment anti-français est prononcé dans cette partie de l’Afrique où il n’est pas loin d’être un fonds de commerce pour bien des soutiens des régimes en place, on se demande s’il n’est pas trop tard pour Paris, pour redresser la barre. Toujours est-il que la débauche d’énergie de l’Elysée pour tenter de sauver « le soldat » Bazoum dans les conditions que l’on sait, semble révélatrice d’une volonté pour Paris de garder coûte que coûte les pieds dans une région du Sahel qui lui échappe au moment où d’autres puissances travaillent à y renforcer leur présence. Au-delà, c’est toute la problématique de sa présence militaire en Afrique, qui semble se poser. Même si le ressenti contre la politique africaine de la France semble davantage s’exprimer en Afrique de l’Ouest, particulièrement dans les pays du Sahel en proie au terrorisme, que partout ailleurs sur le continent.

 « Le Pays »