Burkina Faso
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INTERDICTION DE VENTE D’ALCOOL AUX MINEURS : L’Etat doit s’assumer pleinement


« Il est formellement interdit de vendre ou d’offrir des boissons alcoolisées aux moins de 18 ans au Burkina ». C’est la substance d’un communiqué du ministère du Développement industriel, du commerce et des petites et moyennes entreprises, en date du 20 septembre 2023. Lorsque Le ‘’Fou’’ que je suis a vu ce communiqué, j’ai applaudi des deux mains car, il faut se le dire franchement, l’alcool est en train de faire du mal à la jeunesse au Burkina. Nombreux sont les jeunes qui, sous l’influence de l’alcool, n’hésitent plus à menacer ouvertement leurs amis, leurs enseignants et même parfois leurs parents. C’est dire si l’Etat a vu juste en prenant cette décision. Mais il serait naïf de croire qu’un simple communiqué suffit, à lui seul, à empêcher les jeunes de consommer l’alcool. L’Etat doit aller au-delà. Il ne fait aucun doute que le plus important, c’est l’application effective de cette décision. Même fou, je sais que nous sommes une société de consommation d’alcool puisque moi-même j’en consomme. Je sais aussi que les maquis, les bars et autres débits de boissons, surtout de Ouagadougou, sont régulièrement bondés les week-end de jeunes garçons et de jeunes filles dont l’âge de certains n’excède même pas 16 ans. Et plus étonnant, ces jeunes qui sortent à peine de l’adolescence, ont de quoi acheter l’alcool qu’ils consomment parfois avec exagération. C’est dire si l’Etat doit non seulement mener une vaste campagne de sensibilisation, mais surtout bander les muscles. Eh oui ! Il le faut bien car, tant que les jeunes ne seront pas contraints, ils s’adonneront à la consommation d’alcool. Et ne comptons pas sur les gérants de bars pour la leur interdire car le premier souci de ces derniers, ce n’est pas l’âge des clients, mais plutôt la rentabilité de leurs maquis et autres débits de boissons.

C’est la sécurité de la Nation voire son avenir qui risque d’être assombri

 Du reste, comment peut-il en être autrement quand on sait qu’il est difficile voire impossible pour ces gérants, de contrôler les pièces d’identité pour s’assurer que les clients qu’ils servent ont 18 ans révolus.  Le Fou ne se fait pas d’illusions ; l’application de cette décision risque d’être un combat contre des moulins à vent. Cela dit, si l’Etat veut se donner des chances d’obtenir des résultats probants dans ce combat, il doit non seulement associer les tenants des débits de boissons, mais aussi et surtout les parents quand bien même il n’est un secret pour personne qu’il y a longtemps que nombre d’entre eux n’ont plus d’autorité sur leurs enfants. L’Etat doit éviter de faire dans le populisme en prenant des mesures fortes comme le contrôle régulier et la prise de sanctions lourdes contre tout contrevenant. En tout cas, l’Etat doit s’assumer jusqu’au bout. Il est certes bon d’interdire la consommation d’alcool aux mineurs et l’importation et la vente de boissons comme celles énergisantes au Burkina. Mais tant que l’Etat ne s’attaquera pas véritablement à certains agents indélicats qui délivrent des autorisations d’importation ou laissent entrer ces boissons dans le territoire burkinabè, cette lutte restera vaine et ce, malgré sa noblesse. L’Etat doit éviter de donner l’impression qu’il prend des mesures juste pour se donner bonne conscience. En quoi, par exemple, l’affichage de ces nouvelles mesures devant les bars et autres débits de boissons peut-il véritablement contribuer à lutter contre la consommation d’alcool par des mineurs dans un pays où l’analphabétisme rivalise avec la pauvreté ? C’est l’avenir de la jeunesse qui est en jeu et l’Etat gagnerait à s’assumer pleinement. Du reste, si certaines pratiques tels que les braquages, les cambriolages, la cybercriminalité, pour ne citer que celles-là, sont devenues monnaie courante au Faso, c’est en partie dû à la consommation excessive d’alcool par les jeunes. Autant dire que le combat va au-delà de la préservation de la santé et de l’avenir de la jeunesse. C’est la sécurité de la Nation voire son avenir qui risque d’être assombri si les fruits ne tiennent pas la promesse des fleurs.

« Le Fou »