Burkina Faso
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Reconquête de l’intégrité territoriale : Au front avec les forces combattantes !

Dans la lutte contre le terrorisme et pour un bon maillage du territoire, appel a été fait pour une contribution des volontaires. C’est ainsi qu’une Brigade des volontaires pour la défense de la patrie (BVDP) a été mise en place. Des diplômés, des fonctionnaires, des acteurs de l’économie, des mécaniciens, des agriculteurs, des éleveurs,… ont tout abandonné pour la restauration de l’intégrité territoriale. Nous étions au front, aux côtés des civils militarisés et Forces de défense et de sécurité (FDS) qui se battent au quotidien, pour le retour de la paix au Burkina Faso. Dans la peau d’un VDP, nous sommes allés dompter, pendant quelques heures, une localité nouvellement reconquise dans le Centre-Nord. 

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Tôt le matin, vendredi 20 octobre 2023, à la suite du rapport de la situation de la journée livré par le commandant du bataillon, place à une opération de reconnaissance d’un village réinstallé afin de permettre à la population de vaquer à ses occupations.

Nous sommes dans le bataillon de marche mixte dans la Région du Centre-nord. Aigle, Condor, Ratel, Wagner, Tigre, Chaka, Tchefaris, Fangafing et Tassouma sont les unités qui forment ce bataillon de FDS et VDP. Selon le commandant du Bataillon, le Capitaine BK, chaque dénomination répond à une bataille menée et remportée.

Après un briefing sur la nature de la mission, nous enfilons notre dotation à savoir le casque et le gilet, muni de notre matériel de reportage. La consigne, au moindre coup de feu, se plaquer au sol et ne jamais perdre de vue son binôme. C’est une mission très risquée car les groupes terroristes avaient déjà infesté la zone.

Juché derrière la moto de combat de notre binôme (Scorpion 22), nous nous insérons dans le dispositif. Kalachnikov en bandoulière avec plus de quatre chargeurs tous garnis de munitions, notre binôme nous rassure que tout va bien se passer et de suivre à la lettre ses consignes.

La peur envahit notre corps, un civil sans formation militaire qui se retrouve avec des soldats… au front. La respiration de plus en plus accélérée. Mais vu l’armada déployée pour la mission, il n’y a pas lieu de s’inquiéter. En colonne de deux, les équipes arpentent les artères des ruelles pour une reconnaissance et une consolidation d’une zone reconquise. Pour des raisons évidentes, nous décidons de taire le nom de la localité reconquise dans la région du Centre-nord.

En traversant la ville de Kaya, la population notamment les élèves soulèvent les mains, en guise d’encouragement et de bénédiction. Dans la foulée, une élève, d’environ 10 ans, crie au bord de la voie et à haute voix : « Que le Seigneur vous accompagne ».

Les élèves de la région du Centre-nord

Aux environs de 10 heures, la vie est en train de reprendre dans le village, après plus de deux ans abandonné à lui seul. Au compte-goutte, les habitants retrouvent leurs habitations abandonnées pendant plusieurs mois.

Timidement, les populations reprennent leurs activités depuis environ un mois. A vue d’œil, c’est environ le ¼ de la population qui a replié sur la terre de leurs ancêtres. Des commerces s’ouvrent, les éleveurs font paître leurs animaux et la localité renait de ses cendres.
Cependant, des salles de classes, des lieux de cultes restent toujours fermés. Les services sociaux de bases sont en cours de rétablissement. Les stigmates des actes terroristes sont toujours perceptibles au bord de la route. Des épaves des véhicules, suite à l’explosion d’un engin explosif improvisé, jonchent la voie et des traces de ponts dynamités sont visibles.

Aux côtés des forces de défense et de sécurité, les volontaires participent activement à cette opération. Difficile de distinguer FDS et VDP. Ils forment un et indivisible. Et leur mission reste unique : ramener la quiétude dans le pays. Progressant coude à coude, les équipes se donnent comme objectif de neutraliser toute force ennemie.

Dévoués et engagés, ces combattants veulent effacer toute menace et prendre le dessus sur l’ennemi. De la vingtaine à la cinquantaine d’âge, la coordination est parfaite pour un maillage effectif du territoire et pour le retour des populations dans les zones récupérées.

Le bataillon de marche mixte dans la Région du Centre-nord

Principalement sur des motos, ces volontaires passent en revue les moindres recoins du village. Toute personne étrangère au village est interrogée. A chaque kilomètre, un tapis est dressé pour checker la zone. Les arbres, les arrière-cours, les buissons, tous sont minutieusement passés au peigne fin avec un seul objectif : traquer l’ennemi jusqu’à son dernier retranchement.

Cela fait environ deux ans que Salima Ouédraogo (nom d’emprunt), vendeuse d’arachide, a déserté le village. Elle salue la bravoure des forces combattantes qui a permis la récupération de son village. « On était obligé de se réfugier à Kaya en abandonnant tout ici. Actuellement, c’est vrai que les choses ne sont plus comme avant. Mais petit à petit, les activités reprennent. Nous rendons grâce à Dieu », confie-t-elle.

En effet, durant deux ans, les populations avaient déserté la zone pour des raisons de sécurité. Mais depuis un mois pratiquement, grâce au maillage des forces combattantes, la vie est train de revenir dans cette localité.

Les populations reprennent leur habitation et leur activité depuis environ un mois

« Tout ce que nous sommes en train de faire c’est parce que les Burkinabè croient à cette volonté de reconquérir le territoire national. Nous allons toujours travailler à réinstaller les villages. Sur le terrain les hommes sont motivés, ils ont envie de travailler. C’est en collaboration avec toutes les forces qui sont dans ce groupement de force. Il va arriver un moment ou le commun burkinabè verra sans même que l’on parle (ndlr de l’effectivité de la reconquête du territoire) », nous souffle le capitaine BK.

Il précise qu’au regard des conditions difficiles de vie et des opérations, « si tu n’es vraiment pas volontaire, tu ne peux pas devenir VDP ». Des cadres de la fonction publique, des grands commerçants, des étudiants ont décidé de se sacrifier pour l’avenir de la Nation.

La Brigade des volontaires pour la défense de la Patrie (BVDP) recrute en fait des civils et procède au déploiement sur le territoire national. Après la validation des différents modules durant 45 jours au centre national de formation de la brigade des volontaires pour la défense de la patrie, ces volontaires sont jugés aptes à être des VDP nationaux.

Ces volontaires civils acquièrent les bases militaires pour lutter contre l’insécurité. Actuellement, trois vagues de recrutement de volontaires ont été effectuées avec d’autres vagues spéciales et on dénombre plus de 15 000 au Burkina Faso. L’ensemble de ces VDP a été déployé dans des bataillons mixtes à savoir dans la zone Bagré, à Ouahigouya et à Kaya.

Dans le bataillon de marche mixte du Centre-Nord, des VDP ont été formés dans le domaine sanitaire et exerce actuellement comme des infirmiers. Salam Kindo (nom d’emprunt) est un VDP et fier de l’être. Il a été choisi pour renforcer ses compétences dans le domaine sanitaire.

Il n’avait pas de connaissance sanitaire dans la vie civile. Présentement, il officie comme infirmier. « Je n’avais pas une formation de base en santé avant de devenir VDP. Désormais, je prends la voie, je peux placer une perfusion, je sais apporter les premiers secours à un blessé », indique-t-il.

Il laisse entendre sa fierté d’avoir appris quelque chose, en plus de faire la guerre qui peut être utile pour la communauté même après la fin de cette crise. Hamadou Sawadogo (nom d’emprunt) était mécanicien de deux roues dans la vie civile. Au regard de la dégradation de la situation sécuritaire, il n’arrive plus à exercer cette activité. C’est ainsi qu’il a opté de s’investir dans cette lutte pour la reconquête du territoire national. 

Mécanicien VDP

« Je n’arrive plus à faire la mécanique car le pays est menacé. On ne peut plus travailler comme on veut. Au lieu de passer tout le temps à fuir, c’est pour cela j’ai opté de m’engager pour la défense du pays. Ici (dans le camp), je m’occupe de l’entretien des engins. Donc, je continue de poursuivre mon métier », relève-t-il.

Sayouba Ouédraogo (nom d’emprunt), formateur en technique agricole, s’est enrôlé dans la première vague des VDP. La cinquantaine bien sonnée et chef de famille, il a décidé de s’enrôler pour la survie de son pays. « J’intervenais dans plusieurs localités, mais avec l’insécurité je n’arrive plus à travailler convenablement. J’ai décidé de me battre pour l’avenir de mes enfants. 

Une fois la fin de cette guerre, les enfants vont pouvoir vivre tranquillement. On a besoin de tout le monde dans cette guerre. A chaque fois que l’on apprend qu’un village est attaqué, en tant que chef de famille on ne peut pas dormir tranquille. On se dit que peut-être c’est eux aujourd’hui et un jour nous serons également victimes », souligne-t-il.

Lire également 👉Burkina : La loi instituant les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) adoptée à l’unanimité à l’ALT

En plus de l’action des VDP nationaux, il y a les VDP communaux qui sont chargés de la veille de leur localité. VDP communal dans la région du Centre-nord, Issaka Sanfo (nom fictif), la cinquantaine bien révolue, s’est engagé depuis quatre mois dans cette lutte. Autrefois agriculteur, il fait partie de la trentaine de civils qui se sont engagés pour la sécurisation de leur localité.

Munie d’une kalachnikov et de chargeurs, cette personne du 3e âge veille au grain pour la sécurité de sa commune. « Nous faisons la patrouille dans notre commune. Nous sommes dotés en armement… Je peux dire qu’avec l’implication des VDP, la sécurité commence à venir. Souvent, les groupes armés terroristes signalent leur présence avec des tirs, mais nous sommes prêts et nous prenons position », relate-t-il.

Tellement dévoués pour en découdre avec l’insécurité, ces volontaires ont développé des initiatives pour plus de commodité dans le combat. Dans la région du Centre-nord, ils ont mis en place des supports sur les motos pour leur permettre une meilleure aisance dans la manipulation de l’armement. Des Burkinabè ont d’ailleurs commencé à fabriquer leurs armes qui sont aussi performantes que celles provenant des usines modernes.

Commandant du Groupement de Forces du Secteur Nord (GFSN), Amadou Sanou rappelle le rôle indispensable des VDP dans sa zone de responsabilité. « On ne peut qu’être fier de ce qu’ils (VDP) apportent. C’est louable. Si les VDP n’avaient pas été mis en place, je ne pense pas que l’on allait être toujours ici (à Kaya) », déclare-t-il, le regard plein d’espoir pour un avenir radieux…

Jules César KABORE 

Burkina 24 

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