Burkina Faso
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DEUX EVENEMENTS COMMEMORATIFS DU 31-OCTOBRE  :Y aller, les cœurs désarmés


En hommage aux victimes de l’insurrection populaire de fin octobre 2014 et du coup d’Etat du 16 septembre 2015, le 31 octobre a été décrété Journée nationale des martyrs au Burkina Faso. Et depuis 2015, les Burkinabè revisitent leur histoire à travers la commémoration de cette journée historique dont la symbolique reste forte en termes de lutte pour la liberté, la démocratie, et contre l’arbitraire et la confiscation du pouvoir. En 2016, un communiqué gouvernemental avait porté à la connaissance des Burkinabè en général et des travailleurs des secteurs public et privé, que « la journée du 31 octobre est déclarée chômée et payée conformément à la loi N°079-2015/CNT du 23 novembre 2015 ». Le même texte précisera que « cette date (31 octobre) est consacrée Journée nationale des martyrs et est instituée comme fête légale au Burkina Faso ». Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous le pont Kadiogo qui jouxte le siège du Conseil national de transition (CNT) où la préoccupation de l’heure est plutôt aux questions sécuritaires en raison du péril terroriste qui a mis le pays sur le pied de guerre depuis huit ans maintenant. 

Les soutiens de la transition veulent voir le verre de la lutte contre le terrorisme à moitié plein, là où les syndicats voient le verre à moitié vide

Une guerre contre l’hydre terroriste, avec ses heures de gloire à travers les victoires engrangées ça et là sur le terrain, mais aussi ses moments de tristesse pour le pays et ses forces combattantes engagées dans une lutte à mort pour la reconquête du territoire national. C’est dans ce contexte qu’un collectif d’organisations syndicales et de la société civile a annoncé un meeting d’interpellation du gouvernement sur « la dégradation de la situation sécuritaire, la vie chère, la gouvernance et la corruption », à la faveur de ce 31 octobre 2023. Un appel à se mobiliser qui a déclenché le courroux des soutiens de la transition qui veulent voir le verre de la lutte contre le terrorisme à moitié plein, là où les syndicats qu’ils clouent au passage au pilori, voient le verre à moitié vide qui mériterait d’être brandi aux yeux des autorités de la transition. D’où le maintien de cette manifestation qui fait polémique, malgré les menaces et autres appels au meurtre sur les réseaux sociaux, parfois à visage découvert ; des soutiens de la transition qui ne voient pas d’un bon œil ce rassemblement des syndicats. Mais à côté de ce meeting annoncé des syndicats, les autorités, de leur côté, invitent les populations à se rendre « au Monument des Héros nationaux, le mardi 31 octobre à 9h, pour honorer la mémoire de nos héroïnes et héros tombés pour la défense et la liberté de notre chère Patrie ». Un message qui en dit long sur la volonté des autorités, de focaliser l’attention des Burkinabè sur le sacrifice des fils et filles de la Nation tombés sur le champ d’honneur et sur les victimes du terrorisme au pays des Hommes intègres.

Nos divergences ne doivent pas profiter à l’ennemi

 C’est dire que pour ce 31 octobre 2023, à moins d’un changement de dernière minute, on va vers la tenue de deux événements commémoratifs pour une même date historique. Et si cela advenait, ce serait le triomphe de la liberté de manifester, au grand dam des menaces qui planaient sur les organisateurs du meeting à la Bourse du travail.  Et ce serait tout à l’honneur des autorités de la transition qui apporteraient  ainsi un cinglant démenti à ceux qui les accusent de travailler à restreindre tous les espaces de liberté. Mais ce serait encore mieux si, en plus d’autoriser le meeting, elles prenaient des mesures pour en assurer la sécurisation de sorte à éviter d’éventuels affrontements. Car, en ces moments particulièrement difficiles pour le pays, il est impératif de travailler à préserver à tout prix la paix sociale. En tout état de cause, nos divergences ne doivent pas profiter à l’ennemi. C’est pourquoi il faut aller à ces évènements, les cœurs totalement désarmés pour éviter toute forme de provocation. Et chacun doit y mettre du sien, pour ne pas en rajouter à la difficulté d’une situation qui, si elle devait dégénérer, pourrait être fortement préjudiciable à la cohésion sociale.  Cela dit, il ne faut se voiler la face : au-delà des arguments développés par les uns et les autres, ces tiraillements sont le symbole d’un Burkina divisé. Avec, d’une part, les pro-IB qui ne sont pas loin de peindre un tableau idyllique de la transition, et d’autre part, ceux qui se montrent critiques envers la gouvernance du pouvoir actuel. Entre les deux, les Burkinabè doivent trouver le juste milieu. Autrement dit, savoir reconnaître les progrès réalisés sur le terrain et les efforts qui restent à faire pour sortir le pays de la spirale des violences terroristes. C’est dire si les Burkinabè ne doivent pas se tromper d’adversaire dans ce combat de longue haleine contre un ennemi qui a plus d’un tour dans son sac et qui est loin de s’avouer vaincu.

« Le Pays »