Gabon
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

[Vie chère] «Qui pour répondre ?» : la pertinente litanie de Gabon 24

Des taximen qui «rusent» pour gagner plus. Le prix de l’électricité qui devient incompréhensible. Le poids du pain qui diminue. Ajoutez à cela la flambée des prix des denrées de première nécessité et vous avez le sujet le plus préoccupant du moment au sein des classes moyennes et populaires : la ‘vie chère’, ainsi qu’on l’appelle plus franchement. Elle concerne un grand nombre de Gabonais qui font de plus en plus difficilement face aux dépenses élémentaires. Même Gabon 24, la chaine de télévision politiquement correcte, s’en est inquiété, le 30 mai dernier.

© Gabonreview

Tellement pertinente, la tirade au sujet de la hausse des prix, effectuée il y a une semaine par Leaticia Ngalibika, journaliste des plus percutantes du PAG (Paysage audiovisuel gabonais), a touché de nombreux téléspectateurs et internautes. Elle a forcé l’admiration de Gabonreview, poussant notre rédaction à la retranscrire et à la livrer in extenso ci-après. «Qui pour répondre», interroge-t-elle.

« Dans un passé récent, l’on pouvait, avec 300 Fcfa prendre un petit déjeuner à Libreville. Le morceau de pain coutait 50F, le sachet de lait 100F, l’œuf 125F et le sucre 25F, oui ça c’était avant. Aujourd’hui il faut conjuguer le verbe réfléchir au présent pour manger avec la même somme : le morceau de pain est à 75F, le sachet de lait à 200F, l’œuf à 150F et le sucre de 25F n’existe plus chez les mêmes épiciers. Qui pour répondre ?

Hier, la bouteille d’huile coûtait 1000F, aujourd’hui 1500F, le bidon de 5 litres à 6000F, tout cela est normal. Le sac de riz est passé de 3500F à 4500F par endroit, alors que le riz, on le sait, est l’aliment de base des ménages gabonais. Qui pour répondre ?

Le paquet de sucre est passé à 1000Fcfa, le prix du lait importé a doublé chez les détaillants, obligeant certains à boire le célèbre café misère composé uniquement d’eau et de sucre. Qui pour répondre ?

La bouteille de gaz est désormais à 6000F, pour faire des économies certains préfèrent préparer au feu de bois et s’éclairer à la bougie le soir venu avec tous les risques que cela comporte. Qui pour répondre ?

Sans compter l’électricité, du moins les compteurs prépayés où les tickets de 10.000F qui donnaient droit à 84 unités, en donnent 72 sans explications. Personne pour répondre.

Aujourd’hui, les classiques comme l’oseille à la boîte de sardine ou le bouillon de sardine fumée ne sont plus accessibles aux petites bourses. La boîte de sardine est passée de 320 à 400Fcfa. Qui pour répondre ?

Légume, poisson, viande, aucun produit n’échappe à la hausse. Une situation alarmante qui n’a trouvé aucune solution à ce jour. Qui pour répondre ?

Plusieurs familles, pour échapper au coût élevé de certains produits vont s’approvisionner dans des étals à ciel ouvert, les brouettes où l’on trouve des produits périmés, de mauvaises qualités, mal conservés, impropre à la consommation. Qui pour répondre à cette famille de huit personnes, qui parvenait à tenir un mois entier avec 100 000 francs CFA. Qui peut apporter des réponses à ce journalier qui nourrissait sa petite famille avec 5000F le jour ? Face à une gymnastique quotidienne du cerveau, la ménagère gabonaise n’a que ses yeux pour pleurer et cette interrogation : qui pour répondre ?

Comment expliquer que lundi on se lève avec des prix et que mardi, pour les mêmes produits, on se retrouve avec des prix différents ? Plusieurs tentatives de notre part pour comprendre cette liberté et légèreté d’agir des grossistes et autres détaillants. Tous entonnent l’hymne du coût élevé des produits après le passage de la Covid-19.

Question : quel est le rôle de la direction générale de la concurrence et de la consommation ? Appelé plusieurs fois sur les plateaux de Gabon 24, elle a préféré botter en touche et rester muette. Quelle est donc l’autorité compétente en matière de hausse des prix au Gabon ou de régulation des prix dans ce pays ? Une équation à plusieurs inconnus alors que le problème est bien réel. Est-ce que, après les voiries, le Chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba, doit aussi descendre dans les marchés ? N’est-il pas temps pour les autorités qui sont censées veiller sur les droits des consommateurs de prendre la mesure du problème ? Qui pour répondre ? »

Transcription : Marie Liliane Obouka (stagiaire)