Madagascar
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Trafic de personnes à Madagascar : Le département d’Etat américain pointe du doigt la complicité des agents de l’Etat

Comme chaque année, le département d’Etat américain a publié son rapport sur le trafic de personnes dans le monde. La corruption à Madagascar y est évoquée. 

Le rapport du département d’Etat américain, qui a été publié en juin dernier, sur le trafic de personnes dans le monde ne manque pas d’aborder le cas malgache. Madagascar est resté dans la liste de surveillance Tier 2 selon le classement du département américain. Le rapport a ainsi observé des situations qui peuvent encore favoriser le trafic d’être humain dans le pays, auxquelles le gouvernement n’a pas pris, en revanche, des mesures adéquates et concrètes pour les améliorer. L’appareil d’Etat est moins mobilisé pour fouiller dans les tiroirs des trafiquants et fait montre d’indulgence pour mener jusqu’au bout les enquêtes sur le trafic de personnes puisque, selon le département américain, « le gouvernement a enquêté sur moins de cas de traite et n’a pas signalé avoir poursuivi ou condamné de trafiquants présumés pour la deuxième année consécutive ». 

Caisses

Pour le cas malgache, les projecteurs de ce rapport américain sont braqués sur le gouvernement, lequel est pointé du doigt par le département américain de ne pas faire preuve de plus de volonté à lutter contre le trafic de personnes dans le pays. « Le gouvernement n’a pas démontré d’efforts globalement croissants sur sa capacité de lutte contre la traite même en tenant compte de l’impact de la pandémie de Covid-19 » a souligné le document rendu public par Washington. Par exemple, selon toujours ce rapport, « le gouvernement n’a signalé aucune enquête, poursuite ou condamnation de responsables gouvernementaux complices de crimes de traite ». Il est également reproché à l’exécutif malgache de ne pas avoir mis la main à la poche pour renflouer les caisses du Bureau national de lutte contre la traite des êtres humains (BNLTEH). « Le gouvernement n’a pas décaissé les fonds alloués » à cet  organisme, signale le rapport et qui peut décidément « entraver les progrès et la coordination à l’échelle nationale » , estime-t-il. 

Faux documents

Par ailleurs, il y a  également des failles au niveau du personnel de l’administration et la corruption y sévit, constate le rapport américain. « La corruption et la complicité officielle dans les crimes de traite sont restées des préoccupations importantes qui peuvent inhiber l’action des forces de l’ordre », souligne-t-on. Les fonctionnaires malgaches sont mouillés, selon toujours le rapport du département d’Etat américain, dans l’élaboration de faux papiers administratifs pour « faciliter le trafic sexuel d’enfants » ou dans la fourniture de faux documents de voyage dans le cadre de la « traite de travailleurs » vers certains pays du Moyen-Orient. Pourtant, ces agents de l’Etat s’exposent à beaucoup de moins de risques de poursuite à leur encontre, constate encore le rapport. « Les procédures indiquant qu’un fonctionnaire du gouvernement ne peut être arrêté sans l’autorisation de son supérieur hiérarchique ont empêché de tenir les fonctionnaires complices responsables des crimes de traite », souligne toujours le département d’Etat américain.

Efforts considérables

Malgré ces constats amers du département d’Etat américain qui épingle le gouvernement malgache de « ne pas respecter pleinement les normes minimales pour l’élimination de la traite de  personnes« ,  le rapport reconnaît, toutefois, les « efforts considérables » qui sont déployés par l’exécutif. Notamment sur « l’identification et la prestation de services à un plus grand nombre de victimes, les efforts déployés pour réduire la demande de tourisme sexuel impliquant des enfants, la fourniture de soutien aux travailleurs migrants malgaches de retour, y compris les victimes de la traite », souligne le rapport. Néanmoins, le document publié par le gouvernement américain recommande en premier lieu de « redoubler d’efforts pour enquêter et poursuivre les crimes de traite, y compris les fonctionnaires complices et les auteurs de crimes de traite interne, et rechercher des peines adéquates pour les trafiquants condamnés, qui devraient impliquer des peines de prison importantes ».

Rija R.