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À Washington, l’agonie du sens de l’État

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Un édito de Philippe Paquet.

Il avait fallu aux Républicains quinze tours de scrutin – du jamais-vu depuis la guerre de Sécession – pour porter, en janvier, Kevin McCarthy au perchoir de la Chambre des représentants à Washington. Victime d’une cabale de l’extrême droite, il n’est parvenu à s’y maintenir que neuf mois. Deux conservateurs désignés pour lui succéder, Steve Scalise, puis Jim Jordan, n’ont pas pu réunir les 217 votes nécessaires. Un troisième candidat, Tom Emmer, a jeté l’éponge quelques heures seulement après s’être présenté. Choisi sans grande conviction dans la foulée, un quatrième, Mike Johnson, député peu connu de la Louisiane, a finalement créé la surprise mercredi en faisant le plein de voix pour s’imposer et sauver le Parlement américain de la paralysie.

Les difficultés rencontrées par le Parti républicain pour élire en son sein le speaker de la Chambre témoignent dramatiquement de ses divisions – et de sa déliquescence. Divergences idéologiques, rivalités personnelles, contentieux variés, allégeances contradictoires (à l’État d’où l’on vient, à la Commission dans laquelle on siège, à la personnalité à qui l’on doit sa carrière…), tout concourt à dresser les élus les uns contre les autres et à provoquer un chaos indescriptible. À en croire Donald Trump, la situation était à ce point désespérée que “seul Jésus-Christ, s’il revenait sur Terre”, pouvait encore obtenir la présidence de la Chambre.

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D’aucuns invoqueront le fait que les Républicains ne disposent que d’une majorité étriquée, ce qui fait aujourd’hui du speaker l’otage d’une poignée d’extrémistes. L’obstacle n’en serait, toutefois, pas un si la raison et le sens de l’État permettaient de transcender les clivages partisans pour élire une personnalité qui aurait la confiance d’un nombre suffisant de Républicains et de Démocrates. On en est loin. Qu’on songe que l’ambition de Tom Emmer a été ruinée pour l’unique raison que le député du Minnesota – à la différence de Mike Johnson, un inconditionnel de Donald Trump – avait voté la certification des résultats de la présidentielle de 2020 et légitimé ainsi la victoire de Joe Biden. Pour les Républicains qui ont contraint Emmer à renoncer, appliquer la loi, respecter la Constitution et protéger les institutions rendent donc un député indigne de présider son Assemblée.

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