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Elections bulgares: le retour du vétéran Borissov face au réformateur Petkov

Boïko Borissov vs Kiril Petkov: voici quelques éléments sur les deux principaux protagonistes du scrutin, le quatrième en 18 mois.

Borissov, le Phénix

Boïko Borissov, à l'allure de colosse, a dominé la scène politique bulgare de la dernière décennie, marquant par sa longévité l'histoire post-communiste de ce pays d'Europe orientale.

Plusieurs fois, on l'a cru au crépuscule de son règne mais il a, à chaque fois, rebondi.

Malmené à l'été 2020 par une vague de manifestations de la part de Bulgares excédés par la corruption, il a refusé de démissionner.

Il a survécu aussi à de nombreux scandales, notamment à la parution de photos embarrassantes, le montrant assoupi torse nu, pistolet sur la table de nuit.

Son image "d'homme du peuple" a beau avoir été ternie, son parti conservateur Gerb est arrivé en tête des législatives d'avril 2021 mais il n'a pu trouver de partenaire pour gouverner.

Le début d'une traversée du désert, avec des scores en baisse lors des deux scrutins suivants.

Avant un retour sur le devant de la scène, si l'on en croit les sondages qui le créditent de la première place dimanche.

A 63 ans, cet ex-pompier, ceinture noire de karaté, au franc-parler apprécié par ses sympathisants, est prêt à revenir "pour redresser le pays".

Premier ministre à trois reprises, Boïko Borissov a connu une ascension fulgurante.

D'abord garde du corps du dernier dictateur communiste Todor Jivkov après son limogeage en 1989, il passe ensuite au service du dernier roi des Bulgares, Siméon de Saxe-Cobourg-Gotha.

Mais c'est à la tête de la police qu'il bâtit sa popularité par son omniprésence, avant d'entrer en politique.

A la fois proche de l'Union européenne et de la Russie, celui qui a toujours louvoyé entre les différents intérêts avait offert en 2010 à Vladimir Poutine un chien de race berger bulgare.

Petkov, le réformateur incompris

Kiril Petkov, entrepreneur de 42 ans récemment converti à la politique, rêve de transformer la Bulgarie en un "pays où les Européens aimeraient vivre".

Au cours de ses sept mois à la tête du gouvernement, il n'a eu de cesse de dénoncer des scandales de corruption, tentant tant bien que mal de réformer ce pays à la traîne de l'Union européenne.

Mais son inexpérience lui a valu quelques déconvenues. Comme quand il a fait arrêter en mars 2022 sur des soupçons d'extorsion de fonds Boïko Borissov, relâché le lendemain "faute de preuves" selon le parquet.

Au niveau international, il a été pris de court par la guerre en Ukraine.

Ce pro-européen convaincu n'a pas hésité à tenir tête à Moscou et s'est démené pour réduire la dépendance énergétique de la Bulgarie.

Cependant, le refus de payer en roubles le géant Gazprom, l'expulsion de dizaines de diplomates, la lutte contre "les réseaux d'influence russes" n'ont pas vraiment plu dans ce pays ex-communiste, où une partie de l'opinion publique est sensible aux thèses du Kremlin.

Une diplomate occidentale basée à Sofia évoque une "intégrité" qui confine parfois à "l'intransigeance".

Kiril Petkov a également été la risée des réseaux sociaux quand il a appelé ses compatriotes à faire don d'un mois de salaire pour soutenir l'armée ukrainienne. "Une erreur", a-t-il admis.

Le charismatique dirigeant, dont le physique avenant lui a valu le surnom de John Travolta, a grandi au Canada, où il est recruté après ses études par un grand groupe.

De retour à Sofia en 2007 avec son épouse canadienne, Kiril Petkov fonde un laboratoire de probiotiques.

Père de trois filles, il se lancera dans l'arène politique en mai 2021, las d'observer impuissant son pays s'enfoncer dans la misère et la corruption.