Belgium
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La classe moyenne, le citron qu’on peut presser sans fin?

Une opinion de Nicolas Van der Maren, juriste d’entreprise, élu local MR. S'exprime ici à titre personnel.

En Belgique, pour échapper à la stigmatisation, il faut cacher sa réussite… et à entendre certains politiques, on a « réussi » dès qu’on dépasse les 2000 € net de revenus mensuels.

J’estime faire partie des privilégiés, c’est vrai : je gagne au-delà de ce montant, et je suis propriétaire de mon logement (ou plutôt j’ai pu m’endetter pour un jour devenir propriétaire). Je suis donc « chanceux », mais ne tombons pas dans les raccourcis simplistes et populistes ! Si je suis chanceux, c’est d’avoir toujours été poussé vers le haut, d’avoir reçu l’exemple de parents qui se sont construits tout seuls. Aujourd’hui je les remercie de m’avoir inculqué le goût de l’effort, le sens des responsabilités et l’altruisme… Je suis chanceux d’avoir pu suivre des études universitaires et d’avoir appris quatre langues… Ce faisant, je m’investis dans l’associatif et le caritatif car je suis conscient que nous n’avons pas tous cette même chance ! J’ai aussi investi dans des panneaux solaires, isolé mon toit, remplacé tous mes châssis, et abandonné ma voiture pour me rendre au travail en train parce que je suis conscient qu’il faut contribuer, chacun à son niveau, à la lutte contre le changement climatique… Je suis chanceux d’avoir pu faire ces investissements !

J’ai travaillé directement après l’obtention de mon diplôme, sans avoir dû passer par la case chômage… Pour gagner ce salaire dit, par d’aucuns, « de riche », 125 % de ce que je touche en net enrichit les caisses de l’Etat (mon employeur en sait quelque chose) et finance ce qu’on appelle la sécurité sociale. Et j’en suis heureux ; une fois de plus je m’estime « chanceux » !

Mais je commence à la trouver saumâtre. En Belgique, tout le monde a le droit d’invoquer la pénibilité de son travail… sauf la classe moyenne (qui gagne « trop bien » sa vie que pouvoir se plaindre). Pourtant je fais des semaines de plus de 50 heures, je ne travaille pas dans ma langue maternelle et suis régulièrement en déplacement professionnel à l’étranger. Mon mari, lui, a même un véhicule de société (honte sur moi, je devrais me cacher !!!) - un avantage absolument indu diront certains… ou une manière de compléter un salaire surtaxé en Belgique ?

En Belgique, tout le monde a le droit de réclamer une aide face à la hausse des prix de l'énergie… la classe moyenne, moins ! Et ne parlons même pas de ces personnes qui ont eu la « chance » de pouvoir investir dans des panneaux photovoltaïques parce que les politiques les y ont encouragées. Ils sont maintenant les premiers « punis » (taxe « prosumer », coûts additionnels imputés par leurs fournisseurs, etc.)… Ils faisaient pourtant un pas vers la planète. A présent ce sont eux qu'on taxe ou qu'on stigmatise même : n'a-t-on pas entendu un Président de parti taxer les propriétaires de panneaux solaires de personnes riches « qui ne souffrent pas la crise économique actuelle » ?

En Belgique, on annonce fièrement que les salaires augmentent pour tout le monde… sauf qu’en réalité, ça dépend de la Commission Paritaire dont votre employeur dépend! Ah mais, j’oubliais, ces personnes ne peuvent se plaindre, elles sont déjà trop riches. Elles devraient se satisfaire de payer… pour que le salaire des autres soit indexé !

La classe moyenne est-elle trop docile ? Souvent moins syndiquée que d’autres couches de la population, la classe moyenne n’intéresse-t-elle pas certains politiques ? Y aurait-il une stratégie de n’aider que les personnes dites « pauvres », les seuls électeurs qui en valent la peine ? Et à quel seuil fixe-t-on cette « pauvreté » ? Dans cette optique, l’intérêt de certains politiques ne serait-il pas d’appauvrir toujours plus la population et d’étendre la couche pauvre de la société, et donc un certain électorat ? On peut légitimement se poser la question quand on analyse les positions parfois dogmatiques des partis et les mesures qu’ils proposent : tarif différencié pour l’énergie en fonction des revenus, régulation des loyers, politiques énergétiques, etc.

Ne vous y méprenez pas, je ne demande pas à bénéficier d’un tarif social. Je comprends qu’on aide en priorité les personnes les plus fragilisées. Je demande juste aux politiques un peu plus de respect à l’égard de cette classe moyenne qui constitue le premier contributeur au fonctionnement de l’Etat, cette classe moyenne qui fait tourner l’économie en prenant des abonnements au théâtre, à la salle de sport, en consommant dans l’horéca, etc. Las de ce manque de considération, certaines de mes connaissances ont déjà décidé d’aller travailler à l’étranger tandis que d’autres envisagent de voter de façon plus « radicale » aux prochaines élections…

Moi, j’ai envie de croire que mes parents ne s’étaient pas trompés ; qu’il vaut toujours mieux se construire, se développer par ses propres moyens sans trop compter sur la collectivité tout en y contribuant « justement ». Mais je comprends que la tentation soit trop forte pour certains de se laisser aller et de vivre sur les aides que d’autres payent… Quels sont encore les incitants, en Belgique, permettant de s’épanouir par son propre travail, ses propres accomplissements ?

A ce rythme, il n’y aura bientôt plus de classe moyenne, elle qui n’a déjà plus que le zeste sur les os.