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Le dilemme d'Eurostar entre Covid et Brexit : une capacité limitée avec des prix élevés

Très affectée par la crise sanitaire qui l'a lourdement endettée et les contrôles frontaliers liés au Brexit, la compagnie transmanche Eurostar doit se concentrer avec une capacité limitée sur ses liaisons Paris-Londres et Amsterdam-Bruxelles-Londres, à des prix élevés, a indiqué son directeur général Jacques Damas.

Les contrôles frontaliers renforcés après le Brexit ont réduit la capacité de 30% dans les principales gares. Celle-ci est passée à Londres St-Pancras de 2.200 à 1.500 passagers par heure au maximum, d'autant que le coup de tampon sur les passeports britanniques prend "au moins 15 secondes supplémentaires", a remarqué M. Damas dans une lettre envoyée lundi au Parlement britannique.

"Cette situation a des conséquences commerciales évidentes et n'est pas soutenable à moyen et long terme. Mais la conséquence immédiate est que nous ne sommes actuellement pas en mesure de répondre à la forte demande sur nos routes principales reliant les capitales", Paris, Bruxelles et Londres, a-t-il ajouté.

Le Covid-19 a réduit de 95% les recettes de la compagnie - filiale à 55,75% de la SNCF - pendant quinze mois en 2020 et 2021, et la vague Omicron a ensuite eu un impact supplémentaire d'au moins 50 millions de livres. Or, a pointé M. Damas, Eurostar n'a pas été aidé par les Etats, "contrairement aux compagnies aériennes concurrentes", a dû demander 250 millions de livres à ses actionnaires et en emprunter 500 millions supplémentaires "pour survivre".

"Cette dette commerciale a un coût considérablement plus élevé que la facilité de prêt offerte aux compagnies aériennes, et Eurostar doit continuer à respecter des ratios financiers exigeants", a-t-il regretté.

Inquiétudes liées à l'inflation

Conséquence, pour M. Damas: "Malgré le retour des voyageurs, Eurostar ne peut actuellement poursuivre une stratégie de volume et de croissance. Nous devons concentrer les services sur les routes principales qui apportent la contribution maximale par train et facturer des prix plus élevés à nos clients."

Le patron d'Eurostar, qui quitte son poste vendredi, s'inquiète aussi des conséquences de l'inflation et particulièrement de la hausse des péages - déjà très chers - sur la ligne à grande vitesse britannique HS1, entre Londres et le tunnel sous la Manche.

Si la situation de n'améliore pas, "l'entreprise se retrouvera indéfiniment enfermée dans la position actuelle, à savoir devoir tirer des revenus maximum à partir d'une base de clients et de services limitée", a-t-il prévenu.

M. Damas répondait au président de la commission des transports de la Chambre des communes, Huw Merriman, qui s'inquiétait notamment de l'abandon par Eurostar de la desserte de gares dans le Kent, dans le sud-est de l'Angleterre, et de Disneyland Paris.