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Les mesures de soutien allemandes face à la crise énergétique inquiètent en Belgique: "Des déséquilibres fiscaux si importants sont dangereux"

L'accumulation de mesures nationales de soutien des ménages et entreprises, telles que celles annoncées par l'Allemagne la semaine dernière, risquent de déséquilibrer le marché unique et de mettre en péril les finances publiques, a expliqué en substance le Premier ministre Alexander De Croo lundi à la Chambre. Le libéral s'exprimait en Comité d'avis fédéral chargé des Questions européennes, en prévision du sommet européen informel qui aura lieu vendredi à Prague. Le conflit en Ukraine et les prix élevés du gaz et de l'énergie seront une nouvelle fois au premier rang des préoccupations.

La semaine dernière, les ministres européens de l'Energie se sont accordés sur plusieurs mesures proposées par la Commission: effort commun de réduction de la consommation d'électricité, récupération des "surprofits" du renouvelable et du nucléaire, contribution de solidarité des entreprises du fossile. Une autre piste, elle, ne passe toujours pas: celle d'une intervention européenne sur le marché de gros du gaz via un plafonnement des prix. La Belgique fait partie des pays qui plaident pour.

"Il y a eu des avancées" en faveur d'un "bloc énergétique européen", indique Alexander De Croo lundi. "Mais je suis convaincu que le sentiment d'urgence n'a pas percolé chez tout le monde. Si on ne voit pas suffisamment la gravité de la situation, on n'arrivera pas à prendre les décisions déterminantes nécessaires (...) Il est urgent qu'il y ait ce basculement".

Jeudi dernier, le chancelier allemand Olaf Scholz a annoncé un plan national à 200 milliards d'euros, entre autres pour créer une sorte de plafonnement du prix de consommation du gaz (en Allemagne). Berlin a rapidement été accusée de faire cavalier seul, potentiellement au détriment des autres pays européens.

Alexander De Croo a rejoint lundi ces critiques, déjà exprimées par exemple par l'lItalien Mario Draghi. "Avec un tel volume, il y a un risque de renforcer l'inflation", estime-t-il. "On peut se demander si des stimuli fiscaux de cette ampleur sont prudents, dans le contexte actuel". Par ailleurs, sur le marché du gaz, si "la fixation du prix est européenne, il est logique que seule une solution européenne puisse fonctionner". Les mesures fiscales (nationales) de soutien des ménages et entreprises, les "compensations", ainsi que les négociations séparées de certains Etats avec des fournisseurs, situent l'Europe, selon le Premier ministre, sur une trajectoire "intenable", avec un risque de renforcer la hausse des prix et de "mettre en péril nos finances publiques à long terme" ainsi que "la solidarité européenne", assure-t-il. "Dans la zone euro, des déséquilibres fiscaux si importants sont dangereux, je pense".

Si "beaucoup de pays ont désormais compris" la nécessité d'une action commune, selon lui ("plus de 15 pays plaident pour beaucoup plus d'intégration européenne sur le plan énergétique"), le libéral dit "se faire du souci sur le fait que les Etats membres suivent encore trop chacun leur propre chemin". "Nous avons besoin de davantage de collaboration", et ce sera, selon lui, un des défis du sommet informel de vendredi à Prague.

La veille, les 27 assisteront à une première réunion de la "Communauté politique européenne", un forum informel de coordination où ont été entre autres invités le Royaume-Uni, la Turquie et l'Ukraine.