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Quarante-quatre dirigeants inaugurent à Prague une "Communauté politique européenne"

Les chefs d'État et de gouvernement de quarante-quatre pays ont lancé jeudi, à Prague (Tchéquie), la première réunion de la "Communauté politique européenne" (CPE), nouveau forum de dialogue et de coopération, à l'heure de l'agression russe en Ukraine et de la crise énergétique. Malgré la diversité des points de vue et des intérêts des participants, l'objectif de la réunion est de "montrer un message d'unité de notre Europe", a déclaré, à son arrivée au Château de Prague, le président français Emmanuel Macron, qui avait donné en mai dernier le véritable élan de cette initiative.

Il s'agit de "bâtir une intimité stratégique avec les pays européens, qu'ils soient membres ou non de l'UE, (...) une conversation stratégique qui jusqu'à présent n'existait pas vraiment et pouvait donner lieu à des divisions". "Et, je l'espère, en sortir des projets communs" au gré de ces réunions appelées selon ses vœux à se répéter tous les six mois.

En plus des 27 États membres de l'UE, 17 autres pays ont été invités dans la capitale tchèque, du Royaume-Uni à la Turquie, en passant par l'Ukraine et la Moldavie, la Géorgie, l'Arménie et l'Azerbaïdjan, les pays des Balkans occidentaux ou encore la Suisse, l'Islande et la Norvège. Sans surprise, les thèmes au menu des échanges sont la paix et la sécurité, ainsi que des défis communs tels que l'énergie, la migration et le climat.

Cette première réunion, durant laquelle le président ukrainien Volodymyr Zelensky est intervenu par visioconférence (son Premier ministre Denys Chmyhal était lui bien présent), a une charge symbolique non négligeable, selon le Premier ministre belge Alexander De Croo.

"Il suffit de regarder qui est présent. Tout le continent européen est ici, sauf la Russie et la Biélorussie. Cela montre combien ces deux pays sont isolés", a-t-il affirmé. Le fait que plusieurs pays - Royaume-Uni, Islande, Moldavie - ont déjà exprimé leur intérêt pour organiser une prochaine réunion de la CPE souligne à ses yeux la nécessité d'un tel forum.

Interrogé sur la diversité des participants, le chancelier allemand Olaf Scholz a quant à lui considéré que tous s'accordaient sur le rejet de l'invasion russe de l'Ukraine. "Ceux qui se réunissent ici savent que l'agression russe de l'Ukraine est une violation brutale de l'ordre sécuritaire et de la paix, et il est important que nous rejetions cette agression, que nous n'acceptions pas qu'une portion d'un pays limitrophe puisse être annexée".

Il a salué une "grande innovation", bonne "pour la paix", "la sécurité" et "le développement économique".Toutefois, le chancelier a émis des réserves sur une éventuelle évolution du forum en une nouvelle institution internationale. "Il ne s'agit pas de créer une nouvelle institution, dotée d'une administration, d'une bureaucratie", a-t-il dit, insistant sur la plus-value pour les dirigeants "de se parler de manière très concrète".

Les questions restent nombreuses sur la place que prendra ce nouveau forum, sa capacité à générer des décisions concrètes, les pays qui le composeront au final, son mode de fonctionnement voire sa pérennité.

Pour le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, la CPE "a dû être constituée sans la Russie, non parce que nous ne voudrions pas que la Russie fasse partie de l'Europe, mais parce que la Russie de Poutine s'est elle-même exclue de la Communauté européenne".

Quoi qu'il en soit, à ses yeux, la CPE ne peut en aucun cas être une voie de garage du processus d'élargissement de l'UE, elle devra apporter une plus-value aux institutions et aux formats existants (OSCE, Conseil de l'Europe, Partenariat oriental de l'UE, etc.) et ses membres devront partager des principes communs, "or nous savons tous que le degré de respect de ces principes varie d'un pays à l'autre".

Les travaux ont débuté par une brève plénière qui devait être suivie de tables rondes. Alexander De Croo participera à celle sur la crise énergétique et la situation économique, avec entre autres le chancelier allemand Olaf Scholz et le Premier ministre norvégien Jonas Gahr Store. Aucune déclaration commune n'est prévue au terme de la journée.