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"Tu fais ce que je te dis, sinon tu vas faire dodo sur le sol” : le profil du violeur de l’ULB fait froid dans le dos

Il est 20 h 30, ce mercredi 28 décembre 2022. Luna (prénom d’emprunt), 21 ans, revient de la salle d’escalade. L’étudiante en première bac bio-ingénieur à l’ULB a raté son bus. Elle traverse à pied le campus de l’université bruxelloise pour rentrer chez elle, à moins de 400 mètres. Il fait froid. Il pleut. Elle presse le pas quand elle est happée par-derrière et tirée dans un coin sombre de la Plaine. Son agresseur la plaque au sol. Elle tombe sur le dos, essaie de fuir. Elle est traînée encore un peu plus loin, derrière le bâtiment NO – où la jeune fille suit ses labos. Il fait noir. Le grand spot censé éclairer ce recoin est en panne. Luna hurle, se débat, tente encore de fuir, mais elle est entravée par son pantalon que l’homme a arraché. Il la rattrape, la met à terre, l’étrangle et lui lance : “Tu fais ce que je te dis, sinon tu vas faire dodo sur le sol”. Elle a le visage face contre terre, se rend compte qu’elle saigne du nez. À ce moment-là, elle a tellement peur qu’elle se résigne à accepter l’agression, expliquera-t-elle aux policiers.

Quatre ans de prison ferme pour n'avoir pas respecté un non au cours d'une relation sexuelle

Confondu par les caméras de surveillance de la Stib

La séquence, d’une extrême violence, dure 20 minutes. Une éternité. Elle se relève, met sa capuche et retourne chez elle en courant. Son petit frère de 16 ans lui ouvre la porte. Elle a du sang sur le visage, les cheveux et les vêtements maculés de terre. Elle dit les coups, les menaces, le vol de son GSM, les actes sexuels qu’elle a subis. Quand l’ambulance arrive, elle est assise, en état de choc ; elle a trop mal pour pouvoir se tenir debout.

Luna donne une description de son agresseur : un homme à la peau noire, 1m80 au moins, mince, entre 20 et 25 ans, s’exprimant en français. Il avait un briquet, précise-t-elle. Son papa et son frère décident de partir sur les traces du violeur. Trois SDF leur disent qu’il était dans la station Delta ce soir-là. La police exploite l'information. Les images des caméras de surveillance de la Stib montrent un homme tourner en rond pendant 20 minutes dans la station : il observe les femmes seules en manipulant un briquet. À 20 h 48, il sort par la porte côté ULB. Il est habillé de noir ; ses vêtements sont propres. Il réapparaît sur les images à 21 h 17. “Vingt-neuf minutes qui ont détruit Luna”, dira la procureure. Son pantalon et ses chaussures portent des traces de boue. On le voit enlever une coque de GSM, changer une carte Sim.

Des coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort

Le suspect est identifié comme Yannick F., 25 ans, de nationalité ivoirienne, sans domicile fixe. Il est interpellé deux jours plus tard dans le quartier Matonge et placé sous mandat d’arrêt pour viol par le juge d’instruction le 1er janvier 2023.

L’homme était sorti de prison fin septembre 2022, après une condamnation de 30 mois pour coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Les faits s'étaient produits au cours d’une bagarre entre sans-abri sur le chantier de l’hôpital Delta à Auderghem, à quelques pas du campus de la Plaine. Yannick F. avait été libéré provisoirement après le jugement, alors qu’il avait purgé la moitié de sa peine en détention préventive.

Les viols et agressions sexuelles touchent d’abord les femmes entre 18 et 25 ans

Il ne reconnaît ni les coups, ni l'agression sexuelle

Son procès pour le viol de Luna a eu lieu mercredi devant la 54e chambre du tribunal correctionnel de Bruxelles. Les parents et le jeune frère de l’étudiante étaient présents à l’audience – terrible face-à-face avec l’agresseur. Des éléments matériels “indiscutables”, selon le parquet, accablent le prévenu : les images des caméras de surveillance; la carte mémoire de Luna qui se trouvait dans le téléphone qu’on a saisi sur lui ; les lésions constatées sur la victime par le CPVS (Centre de prise en charge des victimes de violences sexuelles) ; l'état de choc de la jeune fille; l’ADN du suspect retrouvé sur les collants…

Mais Yannick F. s’en moque. L’homme qui se défend sans avocat tient tête au président, à la procureure, aux parties civiles. Un rictus lui colle aux lèvres. Il est détaché, sans aucune émotion, comme extérieur à ce qui se dit. Contre toute raison, il reste sur sa position : il ne reconnaît rien, ni les coups, ni l’agression sexuelle. Non, il n’y a pas eu viol mais une relation consentie, soutient-il; ils auraient même rigolé ensemble… Pour le reste, Luna ment, exagère, invente. Il convient juste qu’il a volé son téléphone. Pourquoi ? “J’abuse toujours de la confiance des gens. C’est une sorte de nature. C’est comme ça que je suis.” Il ajoute, cynique : “Si elle veut, je veux bien lui rembourser”.

Dès octobre 2022, il revenait zoner sur le campus de la Plaine

L’enquête révélera qu’en juin 2021, deux étudiantes qui pique-niquaient sur le campus avaient déjà eu affaire à Yannick F. Le jeune homme s’était exhibé devant elles. Elles avaient alerté le service de sécurité de l’ULB. Le soir même, une troisième jeune femme subissait le même sort. En octobre 2022, dès sa sortie de prison, Yannick F. est revenu zoner sur le campus de la Plaine. Il s’en est pris à une jeune Chinoise depuis trois jours en Erasmus à l’ULB : il lui a fait des propositions sexuelles, l'a menacée, jettée au sol et volé 285 euros. La jeune femme, qui s'est confiée à la personne de référence au sein de l’ULB, a reconnu formellement le prévenu. Deux mois plus tard, Yannick F. agressait Luna.

En Belgique, le viol touche un jeune sur quatre

La procureure a réclamé mercredi une lourde peine de 12 ans de prison à l’encontre du prévenu, assortie d’une mise à disposition du tribunal de l’application des peines (TAP) de “minimum” 5 ans. La magistrate, qui requiert depuis quatre ans dans les dossiers mœurs, déclare : “C’est la première fois que je ressens de la peur devant une forme d’inhumanité du prévenu”.

La “dangerosité manifeste” de Yannick F., qui rejette systématiquement toute responsabilité, est établie par deux rapports psychiatriques. Les exeperts soulignent son côté froid, distant et asocial. L’homme présente un haut risque de récidive.

Le jugement sera prononcé le 29 novembre.

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