Vu de l’extérieur, la solidité du régime de Vladimir Poutine semble sans faille… tout comme l’URSS juste avant qu’elle ne s’effondre. Alors, quelles sont les « chances » qu’il soit prochainement déposé ?
Les députés russes ont approuvé ce lundi, à l’unanimité, la loi sur l’annexion de quatre régions ukrainiennes, une décision qui avait déjà été approuvée vendredi par le président Vladimir Poutine. Le Kremlin a annoncé l’intention de « consulter » les populations locales de Kherson et de Zaporijjia pour établir le tracé de la nouvelle frontière. Il s’agit de déterminer pour la Russie si elle annexe la totalité de ces territoires ou uniquement les parties qu’elle occupe.
« Cette victoire proclamée est une victoire factice. Les gens au pouvoir connaissent la situation réelle mais mentent. Même s’ils estiment toujours pouvoir l’emporter, je ne peux pas m’imaginer qu’ils ne conçoivent pas l’ampleur des difficultés dans lesquels ils sont empêtrés en Ukraine », commente Nicolas Gosset de l’Institut royal supérieur de défense.
Est-ce à dire que les jours de Vladimir Poutine sont comptés s’il ne remporte pas une véritable victoire ? « Tout le monde s’interroge sur une possible destitution mais c’est très difficile de répondre à cette question pour l’instant », reconnaît notre interlocuteur. Il relève néanmoins quelques points : « Dans les autocraties radicalisées comme l’est devenue la Russie, tout le monde a l’impression qu’elles seront toujours là mais elles peuvent disparaître du jour au lendemain. On l’a vu avec l’Union soviétique ».
Le vernis moins épais que l’URSS
L’URSS donnait une impression de solidité à toute épreuve : « La couche de vernis était épaisse car l’appareil répressif était très présent. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Certes Vladimir Poutine peut toujours utiliser la répression. Mais son régime repose très fort sur l’endormissement des masses à travers la propagande ». Au-delà d’un soubresaut démocratique de la population, le maître du Kremlin pourrait-il être abandonné par ses soutiens directs ? « Certains pourraient le lâcher le jour où ils sentiront que leurs prébendes risquent de disparaître. Et encore, il faudrait qu’ils surmontent la peur qui les habite ». On se souvient images tournées lors d’une réunion de Vladimir Poutine avec les principaux représentants de son régime. Ces derniers n’en menaient pas large.
« L’hypothèse d’une défaite complète et objective en Ukraine serait synonyme de la fin du pouvoir personnel de Vladimir Poutine, mais ce ne serait pas forcément la fin du système Poutine lorsque l’on voit la propension du Kremlin à déguiser la vérité », prévient Nicolas Gosset. Selon lui, le président russe est affaibli, mais pas autant que l’Occident l’espère. Il met toutefois en garde : « L’effondrement de la Russie ne se ferait pas sans vagues ni dégâts. Et les conséquences seraient plus graves que l’actuelle guerre en Ukraine ».
