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"Voilà un an et demi que je suis tombée dans l’anorexie mentale. J’avais perdu 20 kilos, je n’étais plus qu’une morte vivante"

Mon combat contre l'anorexie

L’anorexie est une maladie qui touche de plus en plus de personnes, aussi bien les garçons que les filles. Pour beaucoup de personnes, l’anorexie est un problème physique, or, c’est avant tout une maladie mentale qui nous détruit. Une personne en surpoids peut très bien être anorexique et une personne maigre ne l’est pas forcément.

J’ai décidé de vous raconter mon combat. Voilà un an et demi que je suis tombée dans l’anorexie mentale, un an et demi que cette petite voix me hante. Au début, je voulais juste perdre deux trois kilos pour devenir comme les mannequins sur les réseaux sociaux, pour être mince comme le veut la société. Mais très vite, j’ai perdu le contrôle, plus les chiffres descendaient sur la balance, plus je voulais encore perdre et plus j’étais contente. Depuis toute petite, j’ai toujours eu peur de grossir, j’ai toujours eu peur du regard des gens, de ce qu’ils pensent de moi. Quand j’ai commencé à perdre du poids, la voix dans ma tête que j’ai appelée voix maléfique me hantait chaque jour, chaque minute, chaque seconde. Je n’étais plus moi-même. C’est mon anorexie qui me contrôlait, elle était plus forte que moi.

Jusqu’au jour où je suis tombée à 30 kilos. J’avais perdu 20 kilos, je n’étais plus qu’un cadavre, une morte vivante, je vivais dans le corps d’une morte. Je me suis senti partir, j’ai cru que j’allais mourir, que j’avais été trop loin. Je ne me nourrissais plus et je ne buvais plus. J’ai été hospitalisée en urgence, je me suis retrouvée en chaise roulante et sondée.

Maintenant, je me suis débarrassée de ma sonde il y a deux mois mais je suis toujours hospitalisée. Je reprends du poids petit à petit, pas toujours assez vite pour les médecins mais j’y arrive à mon rythme même si ce n’est pas tous les jours facile. La maladie est parfois plus forte que moi, elle me fait me faire du mal, me haïr, me détester mais j’essaye de me battre, de m’en sortir, de reprendre le dessus pour pouvoir vivre. Vivre à fond ma vie d’adolescente avec mes amis, ma famille. J’essaye de retrouver mon sourire.

Je ne lâcherai rien. Je ne laisserai pas la maladie gagner. Je veux vivre, reprendre mes kilos de vie. Je n’ai pas le droit de me faire du mal comme la maladie le voudrait. Je n’ai plus envie de me prendre la tête pour un poids, pour une pâte ou un grain de riz mangé en plus. Moi aussi j’ai le droit d’être heureuse.

J’ai écrit et je partage ce texte pour soutenir toutes les personnes qui souffrent d’un trouble du comportement alimentaire et pour vous dire qu’on est fort. On va s’en sortir. Non, ce n’est pas juste un caprice. Il ne suffit pas de "juste remanger". C’est bien plus compliqué que cela.

Courage, nous allons y arriver.

Amy, 16 ans

Le regard des autres

J'ai toujours eu peur de l'avis des autres. Depuis toute petite, je suis conditionnée à leur plaire. Je suis une femme. La société nous contraint de respecter certains codes, styles vestimentaires, manière de s'exprimer, caractère, corps. Depuis mon plus jeune âge, je suis ronde et j'ai souvent eu des moqueries, pas de modèle à mon image, des régimes forcés par ma famille sans même avoir de troubles du comportement alimentaire.

Des surnoms humiliants, la petite grosse de la famille. Si on prend ma situation d'un point de vue externe, ce mot ne devrait pas être péjoratif. Pourtant, il l'est. J'avais les cheveux tirés, bouclés, personne auprès de qui m'identifier. Je n'étais pas une poupée, j'étais sauvage. Peu importe ce que je faisais, je n'étais pas assez féminine, et donc, je n'étais pas une femme.

J'ai reçu très peu d'attention des hommes à part quand les rondeurs se sont réparties dans des endroits du corps sexualisés. Dans chacune de mes écoles, je me suis fait harceler pour une morphologie dont je ne suis pas maître. Jusqu'à ce que je sois rongée par ce que l'autre pense. Au point où je ne pouvais plus me regarder dans un miroir, au point où je ne trouvais plus de quoi me complimenter, au point où j'ai perdu toute confiance en moi. J'en suis au point où je ne suis plus moi-même mais ce que les autres voudraient que je sois.

Lena, 17 ans

Ce corps qui est le mien mais ne l'est pas

Un jour, je changerai mon corps. Je suis née fille, mais je suis et j’ai toujours été un garçon. Je n’aime pas ce corps. Ce n’est pas moi.

Quand je me regarde dans un miroir, le corps que je vois n’est pas moi. Je dois porter et voir ce corps tous les jours de ma putain de vie. Je le déteste.

Pour me sentir mieux, j’ai acheté des vêtements de mec et en plus, je porte un binder pour m’aider à avoir le torse que j’ai toujours rêvé d’avoir.

Tous les matins et tous les soirs, j’imagine sur moi le corps de mes rêves, celui qui me donnerait satisfaction en étant torse nu ou en maillot. Pas ce corps qui n’est pas le mien.

Ce corps me rappelle que nous ne pouvons pas toujours avoir le corps que nous voulons. Mais je ne perds pas espoir.

Anonyme, 15 ans

Scan-R est une association qui organise des ateliers d'écriture et accompagne des jeunes de 12 à 25 ans pour les aider à s'exprimer par écrit. La finalité de ce projet est de permettre aux jeunes de se raconter sur des sujets dont ils sont acteurs ou témoins. " Notre idée, peut-on lire sur le site de l'association, c'est que donner la plume, le bic, le stylo, le crayon ou encore le clavier aux jeunes - et en particulier aux plus exclues et exclus - c'est mieux que de donner des cailloux… Quand le caillou casse, détruit, abîme ou amoche, l'écriture, et le processus qu'elle exige, permet de se raconter, de se confier, d'imaginer et dessiner de nouvelles pistes qui ne soient pas de nouveaux rêves mais une nouvelle réalité. " Scan-R propose des ateliers aux structures rassemblant des jeunes (Maisons de jeunes, prisons, hôpitaux psychiatriques…). Les ateliers se déroulent avec un animateur ou une animatrice associé à un ou une journaliste. Infos : https://scan-r.be/